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Informatique et le jeu d’échecs par correspondance

dimanche 20 février 2011, par Nimzovinec

Une des critiques les plus virulentes que rencontre le jeu d’échecs par correspondance et l’utilisation de l’outil informatique. Mais cela reste trop vaste, car il y a informatique et informatique.

En effet l’outil informatique présente plusieurs facettes :

  • La bureautique,
  • La gestion de l’information, les bases de données,
  • Les modules de calcul.

La bureautique va comprendre tout ce qui est traitement de texte, tableur, mise en forme de document, etc...

La gestion de l’information est plus axée sur l’utilisation de bases de données, quelles soient sous forme électronique ou « papier ». Elle répond à la question où se trouve l’information que je recherche (son gisement).

Les modules de calcul sont par essence, une possibilité d’analyse par un logiciel de différentes variantes issues d’une position donnée.

Regardons maintenant le « travail » que doit effecteur un joueur d’échecs. ce travail peut arbitrairement être découpé comme suit :

  • Une veille documentaire,
  • Une préparation générale,
  • Une préparation spécifique,
  • Jouer sa partie,
  • Effectuer un retour d’expérience.

La veille documentaire.

Il s’agit ici de se tenir au courant de la pratique des autres joueurs, des nouveautés , des évolutions de telles ou telles variantes d’ouvertures, etc...

Ceci suppose d’avoir accès à cette documentation, qui peut être papier et/ou informatique. Dans ce cadre là l’informatique nous permet d’effectuer une veille documentaire quasi exhaustive.

La préparation générale.

Il s’agit ici de maintenir à jour son répertoire d’ouverture ; soit en optimisant les ouvertures ou variantes habituelles, soit en introduisant dans son répertoire de nouvelles variantes voire de nouvelles ouvertures.

Dans ce contexte l’apport de l’outil informatique est identique a celui de la veille documentaire. Il est parfois nécessaire d’analyser le matériel ainsi découvert ; nous traiterons cela dans « jouer sa partie ».

La préparation spécifique.

Ici il s’agit de se préparer aux tournois, aux adversaires d’analyser leurs styles de jeu, leurs préférences, leurs parties.

L’outil informatique va nous permettre d’accéder à ces informations mais également à analyser les parties de nos adversaires.

Jouer sa partie.

C’est le travail le plus important d’un joueur d’échecs car toute erreur ici est quasi irrémédiable et annule tous nos efforts précédents.

Mais qu’est-ce exactement que jouer sa partie ?

Une partie d’échecs est constituée d’enchaînement de coups blancs et noirs. Ces coups s’inscrivent dans une continuité logique, ils sont le résultat de notre propre réflexion sur la position qui nous intéresse.

Mais quel est le cheminement de notre réflexion ?

Qu’est-ce l’analyse d’une position ?

Reprenons l’approche de Lamarck : lecture initiale de la position, puis analyse détaillée et enfin la synthèse.

Dans la phase de « lecture » de la position notre approche est « sensitive ». Nous laissons notre inconscient travailler, identifier les règles générales, les caractéristiques globales, bref se nourrir de la position pour s’en faire une « idée » ;, savoir comment la prendre, quels sont les coups candidats possibles, nourrir notre intuition.

Puis nous entrons dans la phase d’analyse proprement dite. Cette analyse comporte également plusieurs volets : calcul des variantes, mais aussi jugement positionnel, stratégique. Savoir peser le pour et le contre d’une position, identifier nos forces nos faiblesses, les compensations totales ou partielles dont nous disposons.

A l’issue de ce rude travail, vient la synthèse. Tâche ardue, difficile devant aboutir à ce que M.Euwe appelle « Jugement et Plan ».

Nous savons maintenant ce que la position réclame et comment le mettre en œuvre.

Et l’outil informatique dans tout cela ?

Comment fait-il ce merveilleux module de calcul face à une position donnée ?

Point de « lecture » initiale, il rentre « bille en tête » dans le calcul des variantes. Ce calcul de variantes constitue, pour lui, la phase d’analyse, point de jugement positionnel, d’analyse stratégique, ni de notion de pour ou contre, de coups candidats et encore moins de ces notions de compensations qu’elles soient totales ou partielles.

Et la phase de synthèse ?

Cette dernière est réduite à sa plus « simple » expression : une fonction d’évaluation. Plus le résultat chiffré de cette fonction d’évaluation est élevé plus le coup est « bon » !

Sans dénigrer outre mesure les aspects positifs de l’approche informatique (les modules de calcul) nous touchons ici les limites de cet outil.

Certes le pouvoir de calcul « brut » des variantes est incontestable et nous ne le contesterons pas. Cependant les modules de calculs présentent des carences indéniables, nous venons de le voir.

Ces carences peuvent être regroupées en deux catégories bien distinctes :

  • Les limites de la fonction d’évaluation,
  • La non prise en compte des caractères stratégiques, positionnels et de la notions si importante de compensations.

Ayant pris conscience des limites de l’approche analytique des modules de calcul pouvons nous ( ou devons nous ) quand même les utiliser ?

En phase préparation générale et spécifique, pourquoi se passer volontairement de la force de calcul des variantes que nous propose l’informatique ?

L’homme gardant pour lui les phases de lecture initiale, les phases d’analyse (sauf variantes) et la phase finale de synthèse (en faisant fi des résultats de la fonction d’évaluation) aboutissant ainsi à ce que M.Euwe appelle Jugement et Plan..

Dans la partie sous-traitée à l’informatique il convient d’être extrêmement prudent et vigilant. En effet les limitations de la fonction d’évaluation des modules de calcul peuvent les entraîner à sous-estimer voire à ne pas considérer des bons coups !

L’informatique nous proposent des coups qui sont bons, mais est-ce le BON coup ? Celui que réclame la position.

Nous voyons maintenant comment bien utiliser les modules de calcul dans l’analyse des variantes (et uniquement !). Laissons les calculer, calculer, et encore calculer. Puis reprenons posément tous ces calculs et passons les au crible de notre lecture initiale de la position, de nos analyse stratégique et positionnelle et de notre propre compréhension de la notion de compensation et calculons à notre tour. Un faisant ainsi nous pourrons peut-être identifier le BON coup et le BON plan, celui que réclame la position.

Et pendant une partie d’échecs ?

Cette question est donc spécifique au jeu par correspondance, tout ce que nous avons décrit jusqu’ici et commun jeu « pendule » jeu par correspondance.

Certains prônent le jeu assisté par ordinateur, d’autres demandent à interdire cette pratique si elle existe.

Si nous interdisons cette pratique, pouvons nous en vérifier la non utilisation ?

Un contrôle est-il possible ?

Si la réponse en non, alors il est vain d’interdire !

Et nous devons donc admettre cette approche même si certains d’entre nous le regrettent.

Nous avons bien identifié les limites de l’approche informatique dans ce que nous appelons l’analyse aux échecs. L’apport de l’analyse « informatique », pour aussi précieuse qu’elle soit, ne représente qu’une infime partie de ce que doit être une analyse aux échecs. Seule la méthodologie que nous avons analysée ci-dessus est « jouable ».

Substituer l’analyse informatique à ce que doit être une véritable analyse d’une position d’échecs au sens de Lamarck est une aussi grave erreur que de laisser une pièce en prise.

Effectuer un retour d’expérience.

Hé oui, il existe un après la partie !

Que nous ayons gagné ou perdu nous aimons bien savoir pourquoi !

Ici encore l’informatique peut-être utile.

Analyse de partie, certes mais à la Lamarck !

Analyse statistique des résultats obtenus avec telles ou telles variantes face à des adversaires de tels ou tels niveaux, permettant ainsi de reboucler avec le point « préparation générale »

Qui dit gestion d’informations et statistiques parle d’informatique.

Que conclure ?

Interdire quelque chose que nous ne pouvons contrôler est illusoire, inutile.

Utiliser l’analyse informatique en lieu et place de l’analyse « sensorielle » de Lamarck est une erreur.

Que reste-il à part admettre l’aide que peut nous fournir cet outil qu’est un module de calcul tout en ayant toujours à l’esprit les limitations intrinsèques a tout outil ? .

En ayant également à l’esprit que si un module de calcul sait calculer, il ne sait pas forcement jouer aux échecs !

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