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Tactique jeu positionnel et stratégie

mardi 15 février 2011, par Nimzovinec

Conduire une partie d’échecs est une activité difficile. En effet ; il nous faut juger un position, l’analyser, calculer des variantes, déterminer un plan et déjouer tous les pièges de l’adversaire.

Cette difficulté est bien réelle ; trouver des éléments de réponses n’est pas simple.

Nous parlons couramment de jeu positionnel, tactique et de stratégie mais que se cache-t-il derrière ces mots ?

Il me semble qu’une certaine confusion règne dans la définition même de ces termes.

Peut-on opposer jeu positionnel et jeu tactique ?

Je ne le pense pas !

La tactique ne devrait être que l’enchaînement de coups spécifiques répondant à une caractéristique intrinsèque et éphémère de la position.

Le jeu positionnel est plus subtil et par certain côté plus difficile à maîtriser. C’est bien le jeu positionnel qui va permettre, ou non, l’émergence de positions permettant la combinaison. Regardons les grands joueurs du passé que les commentateurs ont qualifié de grands joueurs positionnels : des Botvinnik, Capablanca, Aleckhine, Petrossian, Nimzovitch, Rubinstein etc...

Ces joueurs d’exception étaient également de redoutables tacticiens !

Mais par-dessus tout ils maîtrisaient l’art d’amener des positions où leur immense talent tactique pouvait s’exprimer.

Ainsi, donc, le jeu positionnel est indissociable de la tactique. C’est comme si, nous ne disposions que d’un curseur unique a deux pôles : un pôle tactique et un second positionnel. C’est la position de ce curseur qui donnera la caractéristique finale de la partie et caractérisera également le style du joueur.

En d’autre terme, nous ne pouvons jouer 100 % positionnel, comme nous ne pouvons jouer 100 % tactique.

Mais qu’est-ce donc que le jeu positionnel ?

Question bien difficile.

Le jeu positionnel est totalement différent de ce que nous appelons le jeu d’attaque ou de défense. Attaque et défense ne sont que deux moyens, deux façons de conduire une partie d’échecs, ou une phase de cette partie.

Le jeu positionnel doit donc être une manière spécifique de construire sa partie, répondant à des critères objectifs mais également subjectifs.

Objectifs, certes ; car il existe des règles générales. Et la pratique nous démontre de façon factuelle le risque énorme que nous prenons en ne respectant pas ces règles. Mais, ici, il convient de faire très attention. Qui parle de règles générales ne doit jamais oblitérer les caractéristiques concrètes de la position ! .

Subjectif également, car ce sont des joueurs humains qui s’affrontent. Et ces joueurs ont des préférences, des styles, des façons de jouer tout à fait personnels (un Petrossian ne jouera jamais comme un Fisher, etc...). Subjectif également car toute la conduite de la partie est influencée par l’objectif, le but que c’est fixé le joueur : gain, nulle. But dans la partie même, mais également but recherché par le joueur dans le tournoi : gain, qualification, classement...

Dans le sens commun, nous ne retrouvons pas ce volet subjectif dans la définition du jeu positionnel. Ce volet en est exclu, et le jeu positionnel est basé uniquement sur des critères objectifs ( contrôle du centre, colonne ouverte, structure de pions, etc...).

Nous intégrons cependant ce volet dans le jeu positionnel, car la vision classique n’est applicable qu’à une position ne présentant qu’une seule typologie ce qui est rarement le cas en pratique.

Face à des situations concrètes, où la position présente de multiples typologies, le choix appartient au joueur, et a lui seul. Il va donc juger, analyser et bâtir un plan de bataille, une stratégie. Et ce faisant, il devra bien intégrer des critères objectifs et subjectifs liés à sa propre personnalité mais également liés à celle de son adversaire.

Le jeu positionnel ne peut donc être dissocié de la stratégie qui appartient au joueur.

Notre curseur à deux pôles (positionnel et tactique) n’est qu’une simplification de la réalité, qui ne tient absolument pas compte du plan ou de la stratégie que suit un des deux joueurs (ou les deux !).

C’est sans doute ici que réside la grande richesse, mais également la grande difficulté, de notre noble jeu. C’est ici que se réalise la différence entre le Maître et l’amateur même doué.

Nous avons donc plusieurs composantes dans une partie d’échecs : la tactique, le jeu positionnel et la stratégie.

Nous avons vu que tactique et jeu positionnel sont indissociables. Nous avons vu, également, que jeu positionnel et stratégie sont liés.

Résoudre ce problème ressemble à la quadrature du cercle ...impossible ! ?

Et cependant, il arrive que parfois nous trouvions la clé, parfois seulement ?

Comment maîtriser ces trois composantes de notre jeu ?

Si la tactique peut d’apprendre sur la base d’exercices répétés il en est de même pour une grande part du jeu positionnel, mais pas dans sa totalité !

En effet seul l’expérience et la pratique permettront au joueur de comprendre (et non pas d’apprendre) les subtilités du jeu positionnel.

Le volet stratégique, lui, ne peut être exclusivement maîtrisé que par la pratique et l’expérience. Il dépend, comme le jeu positionnel de critères objectifs et subjectifs. Mais le nombre de paramètres intervenants est notablement plus vaste.

Ici c’est la personnalité même du joueur qui va s’exprimer. Il lui faut identifier un plan, un schéma directeur de la partie, mais également il lui faut définir les moyens qu’il devra utiliser pour attendre son objectif.

Il lui faudra également tenir compte du fait qu’il n’est pas seul, il rencontre un autre joueur, qui lui aussi va tenter de dérouler son plan, d’imposer sa vision du jeu, sa stratégie. Il lui faut intégrer ce facteur dans sa réflexion.

Sa stratégie, son plan, est loin d’être une œuvre figée. C’est une création vivante qui demandera de multiples adaptations, corrections et évolutions pour parfois être suspendue car la position concrète amenée sur l’échiquier va réclamer une solution tactique immédiate et définitive dans certains cas.

Peut-on jouer sans plan, sans stratégie ?

Est-ce jouer aux échecs que de jouer de cette façon ?

La réponse est votre et vous appartient ?

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