Notre noble jeu présente de nombreuses facettes, nous entendons régulièrement les termes tactique, stratégie, plan, jeu positionnel, etc...
Si ces termes semblent bien définis dans le langage commun, dans la sphère du jeu d’échecs leurs définitions sont plus troubles et imprécises.
La tactique est une succession de coups élémentaires, et dans ce sens c’est sans aucun doute le terme le mieux défini.
Mais ces coups se succèdent dans un certain cadre, ils ne sont normalement pas dus au hasard ils découlent d’une certaine idée générale, suivent une certaine logique, en d’autres termes le joueur qui les exécutent semble bien suivre un plan.
Voici donc une première définition du terme plan : un plan est donc un cadre de réflexion, une sorte de schéma directeur permettant au joueur de définir une direction dans laquelle il serait bon de s’orienter car permettant soit d’optimiser nos chances soit de ne pas les détériorer.
En ce sens le plan repose donc sur une analyse de la position en y intégrant des paramètres tactiques et positionnels de la position concrète soumise au joueur. Mais cette analyse concrète doit intégrer une vision dynamique de la position, une tendance, une évolution...
Ici donc, un jugement absolu cède la place à un jugement évolutif, relatif ; nous parlerons d’amélioration de la position ( ou de dégradation de la position adverse), d’optimisation de chances de gain, des menaces. la défense devient plus difficile, les blancs menacent de menacer on parle de coups uniques, la position arrive à un point critique, la tension est maximum, etc...
Deux mots important viennent d’être utilisés : relativité et tension.
Relativité, oui, car la gestion des tensions impose de prendre en compte le facteur temps ; et par définition même du terme « tension » nous retrouvons cette idée fondamentale d’équilibre et c’est sur cet équilibre que l’analyse doit porter. Cet équilibre est fragile, car chaque coup élémentaire des joueurs peut perturber cet équilibre éphémère et instable.
Nous devons donc reprendre notre définition initiale du plan en y intégrant cette notion de gestion, d’équilibre des tensions. Qui dit tension, parle d’évolution des tensions, de relâchement des tensions ; en effet la situation concrète d’une partie va évoluer soit vers le gain, la perte ou bien vers le partage des points une position finale de la partie où il n’existe plus de tensions, plus de dynamisme, plus de mouvements, plus d’énergie.
Le plan devient donc un schéma directeur, un cadre de réflexion, une description dynamique, permettant de gérer le relâchement des tensions !
Cette description est cependant extrêmement délicate à réaliser voire, dans l’absolu, quasi impossible, en effet la multiplicité des facteurs intervenants est telle qu’aucune théorie complète et exhaustive n’existe pour notre noble jeu, c’est une difficulté majeure et incontournable.
Il nous faut donc simplifier les schémas, les concepts, ne retenir que les facteurs dimensionnants, intégrer la notion tu temps qui passe et celle de relâchement des tensions. C’est seulement ainsi que notre plan ou notre description dynamique trouvera une solution.
Cette solution, par essence, n’aura aucun caractère d’absolu, elle ne trouve sa pertinence que dans la véracité des approximations et/ou simplifications adoptées ainsi que dans le choix des facteurs dimmensionnants. Elle ne peut être que relative...et chaque coup qui se présente sur l’échiquier peut faire émerger des contraintes ou des facteurs nouveaux, imposant une redéfinition ou une adaptation de notre solution.
Rien n’est acquis de façon définitive ; nous avons défini un cadre, une description dynamique dont la véracité dépend de paramètres relatifs évoluant en fonction du temps et au gré de notre adversaire. En effet, par ses seuls coups et par sa propre perception de la position, il influe de façon certaine sur des paramètres hors de portée de notre analyse.
Notre description, notre solution, notre plan est donc basé sur une simplification de la réalité, sur un choix à priori de facteurs dimmensionnants mais également sur des paramètres non accessibles à notre connaissance immédiate.
Nous pouvons maintenant donner une définition plus précise du terme « plan ».
Le plan correspond à une description énergético-mécanistique du relâchement des tensions en fonction de la dégradation de la position, sur la base d’une simplification des schémas conceptuels phénoménologiques, en ne retenant que les mécanismes dimensionnants au cours du temps vis à vis de relâchement des tensions et dont les paramètres sont (ou seront) accessibles à la connaissance.
Posé en ces termes, nous avons donc une définition opérationnelle du Plan dans une partie d’échecs, définition extrêmement différente du sens commun que nous pouvons donner à ce mot.
Cette définition montre bien le caractère relatif de notre description dynamique basé sur une double contrainte : la non-accessibilité d’une théorie globale de notre jeu, mais également la non-accessibilté de certains paramètres qui à un moment donné restent hors de notre sphère de connaissance.