Le jeu à domicile |
Pourquoi jouer par correspondance ?
Le jeu d'échecs présente de multiples facettes dont l'une d'elles est le jeu par correspondance. Mais qu'est-ce que le jeu par correspondance et pourquoi certains joueurs éprouvent le besoin d'assouvir leur passion de cette manière ?
Le jeu " classique " est relativement simple : deux joueurs se rencontrent dans l'espace et le temps pour en découdre physiquement sur l'échiquier. Cependant ces deux caractéristiques que sont l'espace et le temps peuvent générer des contraintes quasi insurmontables :
De telles contraintes peuvent amener une certaine population de joueurs d'échecs a trouver d'autres chemins leur permettant d'assouvir leur passion. En d'autres termes a assouplir les contraintes temps et espace. Si la présence physique et continue des deux joueurs n'est plus indispensable pour la conduite d'une partie, la contrainte temps va se transformer. La durée de la partie va se " diluer "?dans le temps., rendant plus aisée son intégration dans l'organisation familiale du joueur.
Le jeu d'échecs est, intrinsèquement, un jeu individuel. Le jeu d'échecs par correspondance va accentuer cette caractéristique. En effet les spécificités du jeu par correspondance sont essentiellement induites par les conséquences du facteur temps. La durée d'une partie, nous l'avons déjà mentionné, va se diluer?dans le temps, pour acquérir des apparences d'éternité ou d'infinitude.
Par correspondance, le temps donné à un joueur pour réaliser sa partie est " quasiment " infini. Dans la conduite même de sa partie des contraintes " classiques " du jeu sur l'échiquier disparaissent :
Dans le jeu par correspondance de nouvelles possibilités apparaissent :
Ces nouvelles possibilités, ainsi que le temps infini, que le joueur par correspondance disposent vont influencer profondément son style. Le jeu va devenir plus " rude ", plus mur, pour se transformer en véritable lutte et parties ainsi jouées vont pouvoir atteindre une qualité et une densité rarement rencontrée sur l'échiquier. Le style du joueur n'est pas la seule composante ainsi transformée par la correspondance. Ce sont toutes les facettes du jeu qui vont être " transmutées "?une véritable alchimie !
Cette transmutation va toucher tous les compartiments intrinsèques du jeu (début, milieu, finales) mais également les compartiments extrinsèques (préparation, lutte, organisation, style, personnalité,?). Finalement c'est toute la perception du jeu d'échecs, et sa compréhension qui s'en trouvent améliorer.
La correspondance permet, donc, à certains joueurs d'assouvir leur passion en rendant les contraintes temps et espace acceptables. Mais ceci n'est pas la finalité de la correspondance. Cette dernière n'est qu'un outil, un moyen.
La transmutation effectuée sur la qualité du jeu, sur la profondeur, sur notre propre compréhension du jeu est telle?que nous ne pouvons plus nous en passer.
La correspondance est comme un virus?extrêmement virulent !
Un virus avec des conséquences de dépendance !
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Réflexion sur le temps de réflexion.
La pratique du jeu d'échec par correspondance induit une approche du temps assez particulière. En effet comment comparer une partie sur l'échiquier qui dure environ 4 heures avec une partie par correspondance qui peut durer plusieurs années.
Cette spécificité est remarquable ; le temps semble quasiment infini pour les joueurs que nous sommes. Cette notion " d'infini " implique des particularités importantes et spécifiques et ce à plusieurs niveaux très différents :
· Sur le choix du répertoire,
· Sur la conduite de la lutte,
· Sur notre propre compréhension du jeu,
· Sur notre style.
1. Le répertoire.
Dans son approche de la compétition un joueur est amené à se forger un répertoire de débuts. L'émergence d'un tel répertoire est un acte difficile, douloureux et complexe. Ce répertoire n'est que le produit de " sortie " d'une longue réflexion qui engage la personnalité du joueur dans son entier. Il doit répondre à deux impératifs parfois contradictoires :
· Ce que l'on a envie de jouer,
· Ce qui donne des résultats.
Mais, une fois le répertoire établi, le problème est loin d'être soldé. En effet, ce répertoire doit être confronté aux résultats et doit être tenu à jour !
Et c'est dans cette phase que les caractéristiques du temps " infini " du jeu par correspondance perturbent toute notre analyse. Qui n'a pas un jour introduit dans son répertoire telle ou telle nouvelle arme secrète?pour s'apercevoir à la fin de quelques tournois que les résultats obtenus sanctionnent très lourdement notre choix initial ?
Que de temps perdu ?
Perdu ? ?Oui et non.
Oui car les résultats n'ont pas été à la hauteur de nos espérances.
Non, car nous avons progressé dans notre compréhension de ce début particulier.
Les particularités du temps de réflexion quasiment infini du jeu d'échecs par correspondance mettent en évidence, et ce de façon criante, l'extrême importance de la définition initiale de notre répertoire.
Les adaptations nécessaires et indispensables ?peuvent nous coûter très cher.
2. La conduite de la lutte.
Cette notion de lutte est, par correspondance, extrêmement importante. Elle peut se décliner de plusieurs façons :
· Sur le type de positions que l'on va jouer,
· Sur la conduite même de la partie.
Concernant les types de positions que l'on accepte de jouer, il n'est pas rare de voir le même joueur adopter des solutions très différentes suivant que la partie se déroule " over the board " ou par correspondance.
Avec un temps infini, nous n'avons plus peur des rentrer dans des complications sans fin. L'effort de mémoire, de calcul des variantes à l'aveugle (devant l'échiquier) n'existent plus?le temps joue pour nous, mais également pour notre adversaire. Le terrain de bataille s'est transformé, approfondi?le jeu semble devenir plus " mur ".
Sur l'échiquier il n'est par rare de voir un des deux joueurs prendre le " leadership " de la partie. Puis de se contenter de gérer cet état de fait?jusqu'à la victoire finale.
Ceci n'existe plus par correspondance !
La prise rapide d'un leadership est aujourd'hui l'exception qui confirme la règle. L'adversaire, lui aussi, dispose d'un temps infini, et il en profite, le Bougre, pour nous poser le maximum de problèmes et systématiquement contester notre vision du jeu. C'est pour cela que les joueurs titrés conseillent aux joueurs " débutants " de construire leur position et doucement, lentement mais avec détermination de sortir la partie de la " zone neutre " et d'amener des perspectives favorables.
Bref, d'utiliser toutes les phases de la partie pour forger le gain ; et non plus simplement que la phase débutale.
A ce sujet un point important ne doit pas être sous-estimé. Même si par correspondance le temps de réflexion prend des aspects d'infini, il y a toujours de la place pour les aspects psychologiques et parfois avec des résultats particulièrement percutants. Que ce soit dans le choix des débuts et/ou variantes, mais également dans la façon de conduire la partie !
Et dans cette approche notre adversaire ne pourra pas s'appuyer sur son " informatique ", notamment les bases de données, car nous serons passés par là avant lui?
Nous voyons donc ici deux caractéristiques du jeu par correspondance issus directement du temps infini que nous disposons :
· Dans la préparation,
· Dans la conduite de la lutte.
3. La compréhension du jeu.
Seule la pratique nous permet de progresser. Il est donc nécessaire de jouer, et même de jouer beaucoup pour nourrir notre réflexion. Oui mais voilà, ici également le temps va nous jouer des tours. Sur l'échiquier, il est fréquent qu'un joueur accumule 30 à 50 parties dans une année. Mais nous, par correspondance, ce n'est pas par année qu'il nous faut compter?mais par lustres !
La pratique de l'e-mail peut nous aider à diminuer cette constante de temps (un peu), mais reste insuffisante (un tournoi durera 18 mois au lieu de 36 par exemple) et ne change pas fondamentalement le problème.
Il nous faut donc compenser le quantitatif par le qualitatif. En effet une partie représente des centaines d'heures d'analyses, de réflexion, de questionnements, de doutes, etc.?.
A l'issue d'une partie par correspondance notre compréhension de l'ouverture, mais également de toutes ses conséquences induites sur le milieu de partie et la finale a fait un bon quantique extraordinaire.
Je ne trouve pas cela dans le jeu devant l'échiquier !
Un autre point extrêmement important que nous fait toucher du doigt le jeu par correspondance se situe dans la conduite même de la partie. Je pense plus particulièrement à deux phases très " critiques " que sont :
· La transition entre le début et le milieu de jeu,
· La transition entre le milieu et la phase finale de la partie.
Une conséquence immédiate de ceci est l'extrême importance du " plan " dans la conduite de la partie.
" Un mauvais plan vaut mieux que pas de plan du tout?
"Il y a du vrai dans cet aphorisme !
4. Notre style
Notre style ne peut pas sortir indemne de la pratique de la correspondance.
On ne joue pas de la même façon devant l'échiquier face à l'ennemi et chez soi dans son foyer loin de la pression du temps?
Nous ne jouons pas les même débuts, les mêmes positions?et notre style même doit s'adapter.
Le temps que le règlement nous donne influe fortement sur notre jeu donc sur notre style.
J'ai rencontré sur l'échiquier et avec succès des joueurs contre lesquels, par correspondance mes chances de gain auraient été quasiment nulles. Et à la réflexion la solution à cette question tient uniquement à leur utilisation plus performante du temps de réflexion.
Sur l'échiquier il convient de penser juste; par correspondance il convient de penser juste mais également de penser longtemps!
Alekhine parlait en ces termes de Capablanca " Capablanca est un joueur qui réfléchit vertes plus vite que moi?mais mes pensées sont plus profondes ".
C'est cette profondeur de pensée qui me semble être un des fondamentaux du jeu d'échecs par correspondance. Profondeur que nous ne pouvons atteindre (uniquement parfois, hélas, en tout cas pour votre pauvre serviteur) que parce que le temps de réflexion dont nous disposons est quasiment infini.
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Risque ou solidité ?
Aux échecs rien n'est simple. Ce jeu est merveilleux mais au combien difficile. Comme la vie il apporte au joueur son quota de joie et de peine. Mordre la poussière, se faire piétiner ?tout ceci fait partie du lot quotidien du joueur d 'échecs. Mais ces petits désagréments s'efface devant une victoire !
Victoire?le mot magique est lâché !
Rien n'est plus beau que la victoire. Mais comment faire pour obtenir cette maudite victoire ? Risque et agressivité ou? solidité et nulle en poche ?
Si la victoire est le but suprême, les chemins qui y mènent sont nombreux. Un Petrossian, un Tahl, un Larsen, un Fisher, un Lasker, un Nimzovitch ou un Korchnoi n'ont pas la même approche du combat ; ils n'ont pas la même perception du risque. Face à des prises de risques tactiques et/ou stratégiques?la solidité mais également la gestion de la " Lutte " sont des alternatives efficaces.
Mais comment juger ces différentes stratégies de gain ?
Sont-elles même comparable ?
Mais qu'est-ce que le risque aux échecs ?
Question simple?réponse beaucoup plus difficile.
Prenons un exemple : un tournoi de 11 joueurs (donc 10 parties à jouer). Posons :
L'espérance de gain du joueur est : (1) E= g + 0,5n, avec (2) g +n + p= 10. Si g = p l'équation (2) devient : n= 10 -2g. L'équation (1) devient : E= g +0,5(10-2g) = 5.
Si le nombre de gain est égal au perte, l'espérance de gain est obligatoirement de 5 !
Le tableau suivant résume la situation :
g | p | n | E |
1 |
1 | 8 | 5 |
2 |
2 | 6 | 5 |
3 |
3 | 4 | 5 |
4 |
4 | 5 | 5 |
5 |
5 | 0 | 5 |
Les deux façons extrêmes de jouer (1+,8=,1- et 5+,0=,5-) donne le même résultat final (5).
Mais la notion de risque y est très différente.
La première façon de jouer semble plus sure et représente la solidité et nulle en poche. La deuxième façon représente le risque et l'agressivité.
Mais qui a raison ?
Les deux mon capitaine, le résultat final des deux joueurs étant de 5.
Mais qu'est-ce que le risque aux échecs ? Une partie d'échecs, dans un premier temps, évolue dans une zone " neutre ". La sortie de cette zone neutre se traduit par le gain ou la perte de la partie.
La prise de risque serait alors la sortie volontaire de cette zone neutre ?en espérant que cette sortie nous soit favorable.
Sortir de la zone neutre est relativement aisée. Un certain nombre de débuts " risqués " remplissent très bien cette fonction. Attention, ne confondons pas débuts risqués et ouvertures douteuses. Sortir de la zone neutre de façon favorable est beaucoup plus délicat et demande un doigté particulier. Toutes les phases de la partie (début, milieu, finale) sont susceptibles d'être touchées. La personnalité mais également le style du joueur interviennent. Certains vont mettre l'accent sur le début, d'autres vont choisir des positions extrêmement délicates à jouer (pour les deux protagonistes), certains vont jouer la carte de la provocation, d'autres celle de la prophylaxie?
Ce n'est pas sortir de la zone neutre qui est difficile, mais plutôt de le faire dans de bonne conditionsans trop forcer la chance !
Prendre des risques c'est bien (parfois), mais savoir ce que l'on fait c'est mieux (toujours).
Peut-on dire qu'un joueur qui prend des risques est un joueur d'attaque ?
Oui et non. C'est parfois vrai?pas toujours !
Un joueur d'attaque prend-t--il des risques ?
D'une certaine manière oui?mais pas toujours !
Il y à donc risque et risque. La prise de risque doit rester dans le domaine du " raisonnable ".
Sortir de la zone neutre ?pourquoi pas (c'est si amusant !).
Il convient alors de bien mesurer ce que l'on va faire, se souvenir qu'une partie d'échecs ne se limite pas à l'ouverture, qu'il existe un milieu de parie et une finale. C'est un combat long et difficile où l'adversaire à également son mot à dire.
Mais quelle joie quand, après avoir pris notre adversaire par la main, l'avoir doucement amener au bord du précipice, nous le voyons sombrer corps et bien dans l'abîme.
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La stratégie moderne fait grand cas d'un problème extrêmement difficile à trancher : le fameux pion isolé.
De nombreux auteurs se sont penchés sur cette structure de pions particulière, les échanges ayant parfois été relativement " rudes ". Gardons pour mémoire le caractère entier d'un Tarrach défendant avec force sa conception de la " meilleure " réponse au gambit Dame?à savoir la fameuse défense Tarrach ?conduisant de façon inéluctable à la formation d'un pion isolé !
Si l'émergence de ce point précis de la stratégie concernant le squelette de pion a été conflictuelle, une synthèse a petit à petit émergé de la cacophonie. Une fois de plus le mérite en revient à Nimzovitch. Dans son remarquable ouvrage Mon Système, ce joueur passe au rayon X cette structure de pion très particulière. Sa démonstration est magistrale, elle repose sur deux constatations :
Redoutable synthèse !
C'est un véritable compromis entre faiblesse statique et force dynamique. Posé en ces termes le débat devient beaucoup plus passionnant ! La force dynamique compense-t-elle la faiblesse statique ? Si la réponse est oui?alors tout va bien (pour le moment), si la réponse est non?alors sortons les mouchoirs car le temps va être rude?très rude.
De part cette synthèse aucune position définitive ne pourra être obtenue pour répondre à la question de la force ou de la faiblesse d'un pion isolé. C'est à chacun de se prononcer en fonction de son expérience, de son style, de sa personnalité propre. Chaque joueur aura donc " sa " réponse !
Certains vont fuir systématiquement tout pion isolé, d'autres au contraire rechercherons les tendances agressives d'un tel pion, d'autres encore seront plus pragmatiques?sans rechercher systématiquement un pion isolé ils feront " avec " si le cas se présente. Certains systèmes d'ouverture permettent l'émergence d'un tel pion avec une facilité déconcertante, c'est le cas par exemple du gambit dame accepté, de la Tarrach, de la Française, de la Sicilienne avec 2.ç3, etc?. Si ces systèmes d'ouvertures restent excellents il est vrai qu'ils ne sont pas adaptés à tous les joueurs. (CQFD).
Voici un extrait de ma propre expérience avec un pion isolé mais central, mais avec un éclairage partiel voire partial. Dans cet article le lecteur ne trouvera que la partie " malheureuse " de cette expérience?pour la partie heureuse encore quelque patience, rendez-vous pris dans un futur numéro.
La Sicilienne avec 2.ç3 permet très facilement aux blancs d'infliger un pion dame isolé aux noirs si ces derniers répondent par 2?. d5. Même sur 2?.Cf6 les blancs peuvent forcer un pion dame isolé (dans leur propre camp!):
1.e4 ç5 2.ç3 Cf6
L'autre terme de l'alternative est 2?d5.
Exemple n°1 : Wetzel Yvinec Ajec T 4624
1. e4 c5 2.c3Une très désagréable surprise pour les noirs. A l'époque de cette partie mon approche de la Sicilienne était exclusivement " dragonnesque ". C'est à l'issue de cette partie que j'ai " injecté " la Sicilienne avec 2.ç3 dans mon répertoire. Merci M.Wetzel pour cette découverte.2??.d5 3.exd Dxd5 4.d4 e6 5.Cf3 Cc6 6.Ca3Cette idée est intéressante, menace sur b5 et consolidation de d4 par Cc2.6???Dd8 7.Cc2 Cf6 8.Fe2 Fe7 9.h3 O-O 10.Fe3 cxd 11.Cc2xd4 Cxd4 12.Fxd4 Da5 13.O-O b6 14.Ce5 Fb7 15.a3 Dd5 16.Ff3 Ce4 17.Te1 f5Et nulle au 31° coup.L'intérêt de cette variante, pour les blancs, est d'oblitérer complètement les tendances agressives des noirs dans la Sicilienne?et de les obliger à jouer beaucoup plus stratégiquement?comme dans un gambit dame accepté. Ce qui n'est peut-être pas du goût d'un joueur de Sicilienne.
Reprenons la variante principale de notre exposé, à savoir la réponse 2?Cf6, plus dynamique et amenant des positions relativement proche de l'Alekhine.
3.e5 Cd5 4.d4 çxd4 5.çxd4 d6 6.Cf3 Cç6 7.Fc4 Cb6 8.Fb5 dxe
8?..dxe est la réponse noire la plus forte ! On rencontre, cependant 8?.Fd7(exemple 2) et 8?.d5 (exemple 3)
Exemple 2. Yvinec Deschamps Intercercles 1984 (pendule)
8?.?.Fd7 9.Cc3 Tc8 10.O-O e6 11.De2 d5 12.a3 Fe7 13.Fe3 a6 14.Fd3et les blancs dominent (1-0 au 30° coup).La position noire est trop passive.
Exemple n°3 Yvinec Bauer C. Corr.1986
8??..d5 9.Cc3 Fg4 10.h3 Fh5 11.g4 Fg6 12.e6 !Une recommandation de Youdovitch.12???0-1 ! !Cette très courte partie est remarquable par le fait que les blancs n'ont joué aucun coups " à eux ", ils sont toujours restés dans la théorie ! Les livres ont " parfois " du bon !
9.Cxe Fd7 10.Fxc6 Fxc6 11.Cxc6 bxc6
Et voici donc la fameuse structure de pion !
La présente position possède cependant d'autres caractéristiques. Certes le pion d4 est isolé, mais il n'est pas le seul : a7 et ç6 le sont également. Mais cela n'est pas tout. En effet la force dynamique d'un pion isolé repose sur le contrôle de cases centrales mais également dans la force du soutient qu'il est capable d'apporter à un cavalier " éclaireur " au centre. Dans la présente situation le pion contrôle e5 et ç5, mais le pauvre cheval en b1 et loin très loin de e5 ! Reste ç5 et le jeu sur la colonne ç ; mais la pression exercée sur la position noire sera beaucoup plus faible que celle pouvant être obtenue avec un formidable cheval en é5 appuyé par une paire de fous déchaînée.
Le jugement positionnel de cette position est délicat. Différents auteurs se sont penchés sur ce problème?et les conclusions ont varié dans le temps !
1. En première approche : les blancs sont bien mieux (Fuller et Pickett, 1977),2. Chandler émet des doutes sur cette conclusion (Chandler, 1981)3. ECO donne partie égale (1997)4. Gallager conclut à une nulle " stérile "(1999).
Il convient cependant de noter qu'entre la première conclusion et la dernière?une bonne vingtaine d'années s'est écoulée !
12.Cc3 e6 13.Dg4 !
Ce coup de dame, une proposition de Chandler, a pour ambition de mettre toute l'aile roi des noirs sous pression.
L'expérience de votre (humble) serviteur (avec les blancs) est multiple dans cette position : trois tentatives (une à la pendule et deux par correspondance).
Les différentes tentatives noires ont été :
A noter que ces deux dernières parties se sont déroulées entre les deux même joueurs et ce à 10 ans d'intervalle !
Exemple n°4 Yvinec jean-marc.
Evans Robin Poole 07/04/1984 (rencontre amicale Cherbourg-Poole)
13??Cd5 14.O-O Cf6 15. Df3 Tc8 16.Fe3 Fe7 17.Ta-c1 O-O 18.Tf-d1 Cd5 19. Ce4 Db6 20.De2 Tc7 21. Cc5 Td8 22. a3 Cxe3 23. fxe3 Fxc5 24. Txc5 Td5 25.Td-c1 Txc5 26.Txc5?? Et nulle sur proposition des noirs qui ajoutent : " ho ! the bar is open?do you want draw ?".Dans la présente position les blancs sont bien mieux, mais une telle invitation (dans un contexte amical) ne se refuse pas ! !
Exemple n°5 Yvinec Bouillot Ajec : 86/8.B3
13.Dg4 ! Tc8 14.O-O Df6 15.Fe3 Fe7 16.Ce4En route pour c5.
16??..Dg6 17.Dxg6 hxg6 18.Tf-c1 Th5 19.f3 Tb5
On remarque ici, " l'avantage " d'avoir une structure de pion éclatée : les lignes sont ouvertes pour les pièces !
20.b3 Rd7 21.Tc2 Cd5 22.Fd2 Fa3 23.Rf1
Et dans cette position égale, les noirs trébuchent par
23?.f5 ? !
(1-0 au 30° coup).Cette expérience est intéressante et remarquable. La pression exercée sur l'aile roi des noirs est quasiment inexistante, il ne reste donc aux blancs qu'une éventuelle pression sur la colonne c et le pion faible en ç6. A remarquer, également la pression que les noirs peuvent exercer sur le pion b2, limitant d'autant la liberté de man?uvre des blancs. Ces derniers ont intérêt à construire une position solide autour du pion d4 ?et à faire preuve de patience?attendant que les noirs se découvrent. C'est de la chasse à l'affût !
Dans l'exemple suivant M.Bouillot va améliorer la variante et démontrer de façon éclatante ?que les noirs ne risquent rien dans cette variante ! !
Au contraire se sont eux qui mènent la danse?et on peut voir les blancs bien à la peine pour générer un jeu actif.
Exemple n°6 Yvinec Bouillot Ajec : T 1242 1996
13.Dg4 ! h5 !Ce coup est fort, très fort ! Il me rappelle une position issue du gambit Millner-Barry dans la variante d'avance de la Française. Les noirs profitent immédiatement de la position quelque peu exposée de la dame blanche.
14.Df3 Cb6-d5 15.O-O Df6 16.De4 Ta-b8 17.Tf-e1 Fe7 18.Te1-e2 O-O
Les blancs commencent à avoir quelques difficultés de placement pour leurs pièces. En e4 la dame est certes centrale, mais empêche le Cc3 de se glisser vers c5 (via e4). Une fois de plus nous pouvons remarquer la pression exercée par la Tb8 sur le pauvre pion b2, limitant ainsi de façon drastique les possibilités blanches.Les possibilités agressives liées au pion central ne sont pas au rendez-vous, nous voyons plutôt les blancs se concentrer sur la " surprotection " de leurs pions faibles d4 et b2 ( !).
19.Fe3 Tb4 20.Ta1-c1 Tf8-b8
Une bien belle colonne de pression.
21.b3 Cd5xc3 22.Txc3 ç5
Les noirs prennent doucement le dessus !
23.Te2-d2 Tb8-d8 24.Tc4 a5 25.Td3 Td5 26.a3 et gain noir.
Les blancs sont complètement " ficelés " à la défense des pions d4 et b2. La présente position ne leur réserve que de la peine?sans aucune perspective de contre-jeu actif.La seule tentative d'amélioration semble constituer ?par l'abandon de la variante commençant par 8.Fb5?pour rejoindre le coup à la mode 8.Fb3 ! permettant aux blancs d'obtenir les compensations dynamiques évoquées plus haut.Merci M. Bouillot pour cette remarquable démonstration.
Ainsi donc les théoriciens auraient raison ! Dans cette variante les possibilités de gain pour les blancs sont quasiment inexistantes. On comprend mieux maintenant pourquoi le coup 8.Fb5 est tombé (non sans raison) dans l'oubli. La suite moderne 8.Fb3 ! est bien plus conforme à l'esprit dynamique que les blancs doivent adopter dans la Sicilienne avec 2.ç3. Il aura fallu 10 ans et une double démonstration par M.Bouillot pour convaincre votre serviteur ! Mais cela est bien connu, un joueur par correspondance (surtout postal) n'est jamais pressé !
Nous allons maintenant quitter les eaux " troubles " de la Sicilienne pour regarder une position issue de la défense Nimzovitch du pion Roi. Nous allons retrouver un pion isolé mais central, mais à la différence des exemples ci-dessus, il s'agit d'un pion roi isolé. Toutes les considérations évoquées pour le pion dame isolé sont également " valable " pour un pion roi isolé !
La seule différence va concerner le contrôle central induit par le pion e. En effet le pion e5 contrôle d4 et f4 ; et c'est sur cette dernière case qu'un éventuel cavalier éclaireur pourra s'installer?
Exemple n°7 Zajontz (MI)) Yvinec Coupe du monde X11, section 15.
Ma première rencontre avec un MI,? alors courage?
1.e4 Cc6 2.d4 d5 3.Cc3 dxeLa grande variante de la " Nimzovitch ".Possible également :
3??e6
3?...Cf6 ! ?Cette dernière possibilité est extrêmement intéressante et bien meilleure que sa réputation.4.d5 Ce5 5.Dd4 Cg6 6.Dxe4
La suite la plus simple.
6??..a6 7.Cf3 Cf6 8..Da4 Fd7 9.Db3 Dc8 10.Fg5 ! h6 11.Fd2 e6 12.Fc4 Fd6 13.dxe Fxe6 14.Fxe6 Dxe6 15.Dxe6 fxe6
![]()
Et revoilà notre pion isolé mais central. Mais là encore certaines particularités de la position viennent altérer le jugement concernant ces fameux pions isolés ! Dans le cas présent, les dames et une paire de fous manquent à l'appel. Les possibilités agressives en sont réduites d'autant (du point de vue des noirs). Les faiblesses statiques elles sont toujours bien présentes. Les noirs vont devoir faire un effort spécifique pour dynamiser leur position sans échanger plus de pièces?en bref, trouver un bon plan de bataille ! Cette position me semble cependant parfaitement jouable pour les noirs?sous réserve d'identifier rapidement le " bon " plan et de ne pas tomber dans une finale difficile ! Nous verrons bientôt, comment votre pauvre serviteur va réussir ? à ne pas résoudre correctement ce petit problème.
16.O-O O-O 17.Tf-e1 e5 18.Ce4 !
Un pion isolé doit être bloqué ! (Nimzovitch).
18???Rh7 ? !
Le début d'un plan critiquable. L'idée des noirs est de ne pas échanger en é4 pour garder le maximum de pièces sur l'échiquier. Le roi va donc défendre le pion faible h6 (c. f. 10.Fg5 !) pour éventuellement reprendre par le pion g si les blancs échangent en f6.
19.Tad1 a5
Avec l'idée d'activer la Ta8 via a6 ?.Un mauvais plan, car doucement les noirs affaiblissent leur position de façon irrémédiable. Un pion isolé représente une faiblesse statique, ce n'est pas une raison pour " bousiller " ainsi toute l'aile dame et mettre tous les pions sur des cases de la même couleur que le fou ! !
20.a4 Cxe4
Les noirs prennent (tardivement) conscience de leur erreur ; ils remplacent le formidable cavalier blanc par un bloqueur qu'ils jugent " non-élastique ".
21Txe4 b6
Pauvre structure de pions et pauvre aile dame. Les noirs alignent leurs pions sur la couleur de leur fou. Une bien étrange conception stratégique. En quatre petits coups les noirs viennent d'hypothéquer leur position. Les blancs ont maintenant l'avantage?et ils ne vont plus le lâcher. La torture positionnelle peut commencer.
22.Rf1 Ta-e8 23.Fe3 !
Une désagréable surprise pour les noirs qui attendaient 23.Fc3. L'avance latérale des noirs à l'aile dame constitue ce que Nimzovitch appelle une faiblesse réflexe (voir le remarquable ouvrage Mon Système). Selon ce redoutable joueur des qu'une faiblesse réflexe apparaît dans la position, l'attaquant doit immédiatement se détourner de la faiblesse principale pour porter tout le poids du combat sur la nouvelle faille de la position adverse?puis, plus tard revenir avec encore plus de force sur la faiblesse initiale.La fragilité de l'aile noire est criante. Les blancs ont tous les atouts en main. Ils sont mieux, bien mieux. Les noirs n'ont pas réussi à négocier cette phase de la partie, leur plan était faux?et la position obtenue pas très encourageante pour la suite du combat. Toute finale sera perdante pour eux. Le salut passe par le milieu de partie?il faut compliquer, compliquer?et pécher en eaux troubles
23??.Td8 24.b3 Fb4 ! ?
Commence maintenant une partie de " qui-cloue-qui " !Petite phase tactique sans grand danger pour les blancs ; le pion e5 est imprenable. Les blancs vont rapidement renvoyer les pièces noires dans leur " 22 mètres "?et il ne restera plus au conducteur des noirs que les yeux pour pleurer?Cette activité vient beaucoup trop tard ; c'est vers le 18° coup qu'il fallait réfléchir et ce poser la question de savoir comment valoriser la force dynamique du pion central. La colonne f et la case f4 auraient dus les inciter à porter leur regard de ce côté de l'échiquier?les compensations étaient sans doute sur l'aile roi. Il faudra attendre le 35° coup pour voir enfin une pièce " s'occuper " de f4 !Dommage, mais la vie est ainsi faite. Notre jeu pratique n'est pas toujours à la hauteur de nos espérances et de nos espoirs. Il est vrai qu'il est plus facile pour les amateurs que nous sommes de lancer une furieuse attaque à sacrifices sur un roi ?que de jouer plus positionnellement et de façon stratégique. Le jeu d'échecs est vraiment un jeu difficile?mais c'est un très beau jeu !C'est par une analyse critique et objective de chacune des parties que nous jouons que nous pouvons progresser. Alors n'hésitons plus, analysons nos partie, et publions le résultats de notre travail dans ce remarquable " Courrier Des Echecs " que nous attendons tous avec impatience chaque mois ! Plus de fausse pudeur, au travail !
25.Txd8 Txd8 26.g3 Fd6 27.h4 Tf8
Par ce coup les noirs veulent forcer le roi blanc à avancer pour couper toute retraite à la Te4
28.Re2 Te8 29.Cd2 !
En route vers ç4. La position noire va bientôt imploser.
29??.. Ce7 30.Cc4 Cf5 31.g4 Cxe3 32.Txe3 Rg8 33.Cxd6 cxd6 34.Tc3 !
C'est " le coup " que les noirs n'ont pas vu quand ils se sont lancé dans cette phase du " qui-cloue-qui " !Le bloqueur " non élastique " sur e4 a trouvé un petit trou de souri, il va maintenant déployer une activité mortelle. Les noirs vont perdre un pion de façon forcée.
34??? Tf8
Par des moyens simples et sans risques les blancs ont forcé une finale sans doute gagnante !Les pions vont maintenant tomber comme des mouches, et toute l'aile dame des noirs va y passer. Comme dit le dicton : " les blancs gagnent un pion et la partie " !Et faisons confiance à la technique d'un MI pour concrétiser le gain. La leçon sera cruelle mais espérons le profitable.
35.Tc6 Tf4
Une occupation de f4 bien tardive ! Les noirs, de part leur plan douteux (voir le 18° coup et suivants), n'ont pas réussi à capitaliser la force dynamique du pion isolé mais central en e5. La facture sera bien lourde?
36.Txd6 Txg4 37.Txb6 Txh4 38.Tb5 Te4
Avec l'idée de conserver le pion e5 comme bouclier pour couvrir le cheminement du roi noir vers l'aile dame?
39.Rd3
Les noirs vont regretter amèrement d'avoir provoqué l'avance centrale du roi blanc (voir la remarque au 27° coup).
39?.. Te1 40.Txa6 Rf7 41.Rd2 Tf1 42.Txe5 Txf2 43.Te2 Tf1
Le carnage est terminé. La fin est maintenant proche. La " bête " aura bien encore quelques soubresauts, mais c'est bel et bien terminé.
44.c4 g5 45.c5 h5 46.b4 Tf4
Avec l'idée de forcer les blancs a se découvrir à l'aile dame pour donner quelque place à la tour. Mais c'est toute l'aile dame blanche qui va avancer comme à la parade vers la promotion.
47.Rc3 Tf3
Toujours cette idée de forcer l'avance du roi blanc pour obtenir de l'espace derrière les pions passés.
48.Rc4 g4 49.c6 g3 50.c7 Tf1 51.Rb5 Tc1 52.Rb6 h4 53.Tg2 Re6 54.Tg1 !
La stratégie noire est un véritable fiasco !Le bateau prend l'eau de toute part?la position est maintenant sans espoir. La main mise des blancs sur cette partie a été totale. Ils n'ont jamais été mis en difficultés, et ont toujours fait la course " en tête " . Du bien bel ouvrage, du grand art ! A méditer !La partie aurait pu se terminer à ce stade, mais une petite discussion s'était instaurée entre les deux joueurs ?sur la Ponziani. C'est en effet vers ce stade de la partie que les noirs sont " tombés " sur quelques parties jouées par Zajontz avec les blancs ; et surprise les blancs avaient utilisé plusieurs foi la Ponziani, une ouverture également pratiquée par votre serviteur. Ne riez pas lecteur, la Ponziani est une ouverture beaucoup plus perfide que bien des joueurs ne le suppose ; elle a était pratiqué par des joueurs comme Tartakover, Velimirovic et autres Hector (des joueurs pas particulièrement passifs) !L'analyse de ces quelques parties a provoqué quelques regrets chez les noirs?car la technique des blancs en finale s'est avérée redoutable. En d'autres termes la position issue après le 15° coup ?n'est peut-être pas à jouer contre un joueur du style de Zajontz ! Dommage de ne pas avoir eu ces informations au début de cette partie, car les noirs auraient sans doute testé la variante 3?.Cf6 ! ? (variante Vehre) bien meilleure que la réputation que nous pouvons trouver dans les références bibliographiques concernant la Nimzovitch du pion Roi.Ceci est une preuve de plus que la préparation à un tournoi, à une partie, etc.?, doit prendre en compte tous les éléments intervenant dans la " lutte ", y compris les spécificités de l'adversaire et pas seulement le choix de tel ou tel système d'ouverture. Peut-être le début de la sagesse ! ?.
54??.Tc4 55.a5 h3
Encore un tout petit piège avant que de baisser le rideau.
56.Txg3 h2 57.Th3 Rd6 58.b5 Txc7 59.Txh Tc8 60.Td2 Re5 61.a6 Tg8 62.a7 abandon.
Une défaite lourde, très lourde, une véritable déroute positionnelle nette et sans bavure. Une bien " rude " leçon concernant les inconvénients d'un pion isolé.Les noirs n'ont jamais réussi à mettre en avant les aspects positifs du pion isolé (mais central). Ayant échoué à mettre en ?uvre la force dynamique du pion isolé, les noirs ont du subir la torture positionnelle imposée par les blancs. Dans cette partie les inconvénients d'un pion isolé ont parfaitement été exploités par M.Zajontz ; une bien belle leçon.
Que conclure de ces quelques exemples ?
Les faiblesses statiques d'un pion isolé seraient-elles plus importantes que la force dynamique de l' " isolat " central ? Que nenni ! Il convient de tenir compte de toutes les caractéristiques de la position. Reprenons ce que nous avons dit dans l'introduction : " La force dynamique compense-t-elle la faiblesse statique ? Si la réponse est oui?alors tout va bien (pour le moment), si la réponse est non?alors sortons les mouchoirs car le temps va être rude?très rude ".
Doit-on considérer que le joueur, acceptant un pion isolé mais central, joue en fait une sorte de gambit positionnel ? Et que, comme tout bon gambit qui se respecte, la vérité réside dans les compensations obtenues ?
J'aime cette comparaison avec les gambits, où un des deux joueurs investis non pas du matériel, mais un petit peu de sa position (faiblesse statique du pion isolé) pour y trouver des compensations dynamiques (force du pion isolé mais central). Et comme dans tout gambit, attention si les compensations ne sont pas à la hauteur de l'investissement initial?alors survient la catastrophe et un gros O sur la feuille de partie !
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Les Conseils de PHILIDOR
Du Roi:
Ne Laissez jamais le Roi ou la Dame exposés à recevoir un échec double ou un échec à la découverte; retirez- les de la direction des pièces de l'adversaire.
Retirez-les aussi de cette direction pour vous procurer la liberté de prendre, avec un pion qui couvre le Roi ou la Dame, les pièces que l'adversaire voudrait porter dans votre jeu.
Le Roi est la meilleure pièce sur la fin d'une partie; il doit se porter sur une case où il ne puisse recevoir l'échec dont il est menacé, et soutenir en même temps ce qui lui reste de pions et de pièces.
Sur la fin de la partie, il faut se garder de retirer son Roi sur une case angulaire de l'échiquier, et de pousser un pion qui l'empêche d'en sortir, à moins que dans une situation désespérée, vous n'ayez d'autres ressource que de compter sur le Pat. (Partie remise.)
De La Dame:
En général, vous placerez bien votre Dame sur la seconde ligne de l'Echiquier pour soutenir les pions de cette ligne, en ayant soin qu'elle ne gêne pas la sortie de vos pièces.
Gardez-vous bien de prendre un pion, et même une pièce avec la dame, lorsque, par ce coup, vous l'éloignez de manière qu'elle vous devienne inutile, soit pour la défense ou pour l'attaque.
Opposez votre Dame à celle de l'adversaire, lorsqu'il voudra entrer dans votre jeu avec la sienne.
Et quand vous aurez l'avantage, opposez également votre Dame à la sienne, pour le forcer au Dame pour dame, ou s'il s'y refuse, établissez la vôtre dans son jeu.
Quand vous aurez l'attaque, combinez les échecs que vous pourrez donner avec la dame, de manière qu'ils soient doubles, et qu'après avoir tiré tout le parti possible de ces échecs, vous puissiez, si besoin est, la ramener à une case où elle vous sera nécessaire pour votre propre défense.
Des Fous:
Il faut sortir un Fou avant de pousser un pion qui rendrait ce Fou inutile.
Au Fou du Roi appelé le Fou d'attaque, parce que sa marche le met directement en direction sur le Roi adversaire qui a roqué ou veut roquer du côté de la Tour, il faut opposer le Fou de la Dame.
Quand un Fou est attaqué par un Cavalier, vous pourrez, s'il n'est pas de votre intérét de soufrir le pièce pour pièce, retirer ou avancer ce Fou d'une case, ce qui arrêtera le progrès ultérieur de ce Cavalier.
Un Fou, soutenu d'un pion de sa couleur, établi dans le jeu de l'adversaire qui n'aura plus de pions pour le déposter, gênera la marche de ses pièces, tandis que vous mettrez en jeu les vôtres.
Des Cavaliers:
Il faut, autant qu'il est possible, ne sortir ses Cavaliers, qu'après avoir poussé deux pas les pions des Fous.
Quand un Cavalier est inutile à la case où il est posté, il faut le porter dans le moins de coups possibles à une case où il puisse servir pour l'attaque ou pour la défense.
Un Cavalier soutenu d'un pion, et qui ne pourra être déposté par les pions ou pièces de l'adversaire, sera de la plus grande utilité pour le gain de la partie.
Des Tours:
Il faut se procurer la libre communication de ses Tours; il faut les placer sur des lignes où il n'y ait plus de pions qui puissent les arrêter, si toutefois elles ne vous sont pas nécessaire ailleurs.
Il faut les établir le premier dans le jeu de l'adversaire.
Et si l'adversaire attaque une Tour ainsi postée avec la sienne, vous la soutiendrez avec l'autre Tour, plutôt que de prendre.
Des Pièces en Général:
La manière de dégager et de sortir vos pièces n'est point indifférente, et doit être subordonnée à la marche de celles de l'adversaire.
Ayez soins, en sortant une pièce, qu'elle ne gêne pas le jeu et la sortie d'une autre pièce.
De même, en jouant une pièce à une case plutôt qu'à une autre, qu'elle ne masque pas la direction d'une autre pièce, et que cela ne donne pas le temps à l'adversaire de pousser un pion ou de jouer une pièce qui déciderait du gain de la partie.
Ne laissez jamais des pièces en avant sans être soutenues.
Sacrifiez une pièce pour gagner dans le moins de coups possibles.
Des Pions:
L'intelligence de la manoeuvre des pions décide toujours le gain des parties.
Prenez, qand vous le pourrez, le pion du Roi de votre adversaire.
Ne poussez pas en avant un pion qui doit être employé à en soutenir un autre.
Ne prenez pas toujours un pion offert.
Poussez à propos un pion du centre qui soutiendra les pièces que vous porterez dans le jeu de l'adversaire.
Ne poussez pas un pion qui arrête les progrès des Cavaliers adversaires.
Par la même raison vous pousserez un pion pour interdire l'entrée l'entrée dans votre jeu à ces Cavaliers.
Ne poussez pas un pion qui, étant passé, masquerait la direction de vos pièces.
Sacrifiez à propos un pion pour vous procurer le service d'une pièce.
Sacrifiez à propos un pion pour pouvoir ensuite en pousser un au soutien d'un autre.
Des Temps:
La science des échecs des Echecs n'est autre que celle de gagner des Temps: c'est par les Temps qu'on gagne gagne sur son adversaire, qu'on parvient, soit à lui forcer une pièce, ou même un seul pion qui toutes choses égales, doit vous valoir le gain de la partie; soit à faire rentrer ses pièces qui devenues par-là inutiles et sans activité, laissent le champs libre aux vôtres pour former et suivre une attque qui sera imparable; soit enfin à avancer vos pions de manière que sur la fin de la partie vous arriviez le premier à Dame.
Vous perdrez des Temps quand vous porterez en avant une pièce que l'adversaire dépostera en avançant un pion.
Quand vous attaquerez une pièce que l'adversaire à intérét de porter ailleurs.
Quand faisant pièce pour pièce, vous mettrez en jeu celle de l'adversaire.
Quand vous donnerez des échecs inutiles attendez, pour en donner, que ce coup ait deux objets qu'il en puisse résulter pour vous au moins le gain d'un Temps pour l'avancement de votre jeu.
Un seul Temps perdu, un seul coup mal joué, un seul coup joué trop tard serait la cause de la perte de la partie.
Par contre: Vous gagnerez le double de Temps que vous en ferez perdre à l'adversaire, quand vous pourrez l'obliger à jouer des coups contraints, et le forcer à retirer ses pièces.
Vous gagnerez un Temps en faisant à propos pion pour pion, ou pièce pour pièce.
Quand, au lieu de prendre un pion offert, vous emploierez mieux le temps à dégager une pièce.
Quand, au lieu de profiter sur le coup d'un avantage quelconque qui ne peut vous échapper, vous emploierez mieux le temps à vous procurer le service d'une pièce pour assurer la réussite de votre attaque.
Ne vous pressez pas de suivre un projet d'attaque, avant que vous n'ayez dégagé vos pièces pour la soutenir, ou pour pourvoir d'ailleurss à votre propre défense.
Quand l'adversaire se sera mis en défense, de manière que vous ne voyiez pas jour à l'entamer de ce côté, ne perdez de temps à changer la destination de vos pièces, soit pour former une autre attaque, ou pour vous mettre en défense.
Ne manquez pas l'occasion de jouer un coup qui peut avoir en même temps deux objets; il sera décisif pour le gain de la partie.
Calculez si une pièce ou un pion est en prise, quel sera le résultatdes prises réciproques de pièces; et, d'après ce calcul, quel peut être le meilleur coup à jouer pour vous dans l'occurence.
Et enfin ne jouez jamais un coup que vous n'ayez prévu, et sans vous être rendu compte du projet que peut avoir l'adversaire dans celui qu'il vient de jouer ou qu'il peut jouer par la suite, pour vous rendre certain si vous avez les Temps nécessaires pour suivre votre attaque, ou s'il ne vous faut pas d'abord pourvoir à votre propre défense.
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ou de la manière de diriger ses Pièces pendant les douze premiers coups.
Vous devez toujours, règle générale, diriger vos coups de façon à ne gêner la marche d'aucune de vos pièces ni pions; par conséquent de manière à gêner, autant que cette disposition le permet, les pièces et pions de votre adversaires, et par préférence les pièces qui pourraient entrer avec le plus de facilité et d'avantage dans votre jeu; ce qui ptouve assez la nécessité de mettre autant d'attention à la disposition du jeu de son adversaire que du dien propre. [Supposez le moment de ranger une armée en bataille ou celui des préparatifs pour une attaque quelconque, vous verrez, en tant que la comparaison peut être juste, qu'un bon officier agira d'après les mêmes principes. Il choisira le terrain le plus propre à l'infanterie et pour la cavalerie; il aura grand soin de n'ordonner aucune manoeuvre qui puisse lui faire perdre l'avantage por l'une ou pour l'autre. Il se gardera surtout de gêner la direction ou d'affaiblir l'effet de son artillerie; par une conséquence bien naturelle, il empêchera, par tous les moyens qui seront en son pouvoir, les mêmes desseins de la part de l'ennemi et tâchera de détruire ceux qu'il pourrait avoir formés. Il sera enfin bien convaincu qu'il ne saurait se promettre aucun succès de ses préparatifs, qu'autant qu'il les aura concertés d'après ceux qui lui sont opposés et qu'il aura d"avance suffisamment reconnus.]
Dans les commencements, on ne saurait trop s'attacher à une même manière d'ouvrir son jeu, autant qqque cela est possible. Cette usage, en montrant pas à pas les dangers ou les avantages qu'il y a de jouer plutôt telle ou telle pièce à telle ou telle case, apprendra en même temps à tirer parti des moindres fautes de l'adversaire, qui n'en saurait prévoir les conséquences.
Ce système est impraticable, lorsque vous n'avez point le trait [Il en est d'un joueur d'échecs qui n'a pas le trait comme d'un général qui, forcé par les circonstances, n'a pu entrer en campagne le premier; si son ennemi est aussi habile que lui, il est certain que celui-ci le forcera de régler ses dispositions sur les siennes; et il en résultera pour le général entré en campagne le dernier, le désavantage de rester purement sur la défensive, à moins que son ennemi ne lui fournisse, durant le cours de la campagne, par ses fautes, les moyens de changer cette défensive en une offensive avantageuse.] ; car, quoique dans un début de partie, votre principal objet soit de dégager vos pièces, le succés en dépend moins que de la manière de le faire; et cette manière peut aller à l'infini, comme la volonté de votre adversaire, à laquelle elle doit être nécessairement subordonnée. Un coup décisif pour le moment peut vous perdre sans retour dans un autre, et rarement vous trouverez l'occasion de réparer un moment perdu [Le temps est pour le moins aussi précieux à la guerre. Tel voit échapper un moment où, sans effort, il aurait pu se couvrir de gloire, qui attend en vain, pendant des années entières, le retour d'une pareille circonstance].
Il n'y a rien de si commun dans le cours d'une partie, que de voir les joueurs de part et d'autre offrir un pion; le plus souvent il est dangereux de le prendre, quand même ce ne serait qu'un échange de pion, même une prise pour rien, surtout si l'adversaire est d'une force supérieure à la vôtre, étant très-probable que celui-ci ne met son pion en avant que pour en retirer un plus grand avantage. [Défiez-vous même des dons de votre ennemi; c'est le proverbe d'un sage et une maxime très-nécessaire pour un général. Les annales militaires nous offrent mille exemples de surprises cachées sous des avantages apparents, et la plus grande circonspection n'a pas toujours évité les embuscades]
Toutefois ne perdez jamais le moment de poussez en avant un pion du centre, lorsqu'il est soutenu, ou que votre adversaire ne peut le prendre qu'en vous donnant jour à établir vos pièces dans son jeu.
Il n'est pas moins ordinaire de voir un pion ou une pièce attaquée et soutenue consécutivement par plusieurs autres; il est donc évident que, si vous avez un pion ou une pièce de plus pour l'attaque que l'autre n'en a pour la défense, cette pièce en question , quoiqu'elle soit soutenue par plusieurs autres, est réellement en prise; au contraire, si leur nombre se trouve égal, de part et d'autre, tout se réduira à un simple échange si vous prenez.
Avant de vous y résoudre, vous devez combiner les changements que cette opération produira dans la situation de votre jeu, ainsi que les avantages et désavantages qui peuvent en résulter. Un pareil calcul vous sera d'une grand utilité, pour la marche, tant de vos propres pièces et pions que de ceux de votre adversaire. Milles choses, qui parraissent quelquefois de nulle importance, ont souvent les suites les plus fâcheuses [Le sort des armes dépend souvent d'un concours de particularités et de combinaisons quelquefois les plus minutieuses. On serait bien étonné si l'on connaissait toujours la cause réelle de la perte d'une bataille. La seule différence, c'est qu'à la guerre il s'en trouve plusieurs que la prudence humaine ne saurait prévoir ni changer]. Enfin, un pion avancé, une pièce mise en place plutôt qu'à une autre, décide communément du gain ou de la perte d'une partie [Voilà l'effet de la tactique; avec des moyens égaux, celui qui a les notions les plus étendues et les plus parfaites doit vaincre].
Vous trouverez des joueurs qui, sans s'embarrasser du soin de la position, forment dès le commencement une attaque assez vive; je conseille dans ce cas de se tenir sur la simple défensive et d'empêcher seulement que les pièces ne soient enfermées, ni les pions dispersés.
Il s'ensuivra nécessairement que l'adversaire, réglant la marche de ses pièces d'après un plan que votre défense rendra impraticable, embarrassera lui-même de plus en plus son propre jeu, et vous donnera l'occasion favorable de l'attaquer à votre tour, avec un succés d'autant plus probable, qu'il se trouvera, par suite de ses fausses manoeuvres, dans l'impossibilité d'employer toutes ses pièces à sa défence [Les tentatives d'une troupe qui écoute plutôt l'ardeur de combattre qu'elle ne considère la possibilité de vaincre, qui suit plutôt les impulsions de son courage qu'elle n'observe l'ordre et la discipline, sont rarement heureuses.
(Les notes rappelées ci-dessus sont empruntées au Manuel De L'Amateur Du Jeu Des Echecs, par Stein.)
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Réflexions sur l'analyse aux échecs
C'est le grand Philidor qui le premier utilisa le terme ANALYSE dans le domaine des échecs.
Ce faisant de jeu, les échecs entrèrent dans le domaine de la Science. En effet toute démarche scientifique s'appuie sur une phase d'analyse. Seule l'analyse permet d'expliciter les différents phénomènes observés, de caractériser leurs interactions et ainsi de permettre l'émergence d'une synthèse. Nous recoupons ici le célèbre aphorisme de Euwe : " Jugement et Plan ". Seule l'analyse nous permettra d'aboutir à une synthèse donc à un jugement de la position ; et seul ce jugement nous permettra d'élaborer un plan.
Mais il y a analyse et analyse'Dans le domaine de la Science, analyse rime souvent avec méthode inductive et analytique. D'illustres savants se sont penchés sur cette question. Rappelons brièvement quelques noms comme : Condillac, Descartes, Spinoza, Leibniz et autre Malebranche, sans oublier Lamarck.
Condillac est sans aucun doute le père fondateur de la méthode analytique et c'est cette méthode qui permit à Lavoisier de créer véritablement la Chimie moderne.
Mais que signifie pour Condillac l'analyse ?
Cette question peut paraître étrange, mais dans ses écrits Condillac fustige ce que nous appelons synthèse ! Condillac n'est cependant pas opposé à toute synthèse, mais seulement à la notion qu'en a donné Descartes et son école en supposant l'existence de certaines " idées innées, de principes généraux source de nos connaissances. "
Condillac combat donc les théories aprioristes de la connaissance qui lui semblent totalement injustifiées puisque ignorant l'étape sensorielle de la connaissance, de l'entendement. Ce faisant, il s'oppose à la théorie des idées innées et des principes généraux.
Aux jugements aprioristes synthétiques et aux principes généraux, Condillac oppose sa théorie de l'analyse et de la synthèse. " Seule l'analyse est le véritable chemin conduisant à la solution de l'énigme des découvertes. ".
Analyse puis synthèse tel est le fondement de la méthode de Condillac. Il précise même que recourir à la synthèse au début d'une méditation scientifique, c'est faire de la spéculation aprioriste ce qui nous mène inévitablement dans un mauvais chemin.
Contrairement à Condillac, Lamarck recommande, " au lieu de s'enfoncer d'abord dans le détail des objets particuliers ", de procéder à l'analyse approfondie des faits, " de commencer par envisager l'objet dans son entier ". Ce n'est qu'à l'issue de cette phase que Lamarck préconise l'analyse puis la synthèse.
Ainsi le " système analytique " de Lamarck ne ressemble que par le nom à la " méthode analytique " de Condillac. Par son contenu, il atteint en effet à un plus haut degré de généralisation.
Sans nier la méthode analytique de Condillac, Lamarck fut le premier à en déceler les bornes.
Pour Lamarck ce que Condillac appelle synthèse n'est effectivement que " l'anticipation d'une conception nouvelle "
Assembler les faits, les analyser, puis décrire, sélectionner, classer, observer, ne pouvaient plus désormais que constituer une partie, et rien qu'une partie d'une nouvelle méthode répondant à des objectifs scientifiques plus élevés. Tel est le fondement même de l'approche de Lamarck.
La transposition de ces philosophies dans le jeu d'échecs n'est ni simple ni immédiate.
En effet nous y retrouvons, les deux philosophies évoquées ci-dessus. Relisons les écrits des grands penseurs et joueurs d'échecs. Certains prônent l'existences de règles générales voire absolues (Steinitz, Tarrach et Nimzovitch par exemple), alors que d'autres le nient et mettent l'accent sur les spécificités concrètes de chaque position (Alekhine, Tchigorine, Bronstein, ...)
Ces deux éclairages sont-ils incompatibles ?
Et si comme souvent " la vérité " était ni l'un ni l'autre ?
Et si il existait des règles générales, mais également des spécificités concrètes de chaque position ?
Et si Lamarck avait raison ?
Et si il fallait faire une " lecture " initiale de la position (la première étape de Lamarck) pour bien identifier les règles générales, puis entrer dans l'analyse concrète pour identifier les spécificités de la position, pour enfin aboutir à la synthèse finale, le fameux " Jugement et Plan" de M.Euwe ?
Et si Lamarck avait raison ?
Plus que toute autre forme du jeu d'échecs, le jeu par correspondance se rapproche de l'analyse.. C'est donc dans cette forme de jeu que l'approche scientifique est, sans doute, la plus marquée.
Alors qu'elle méthodologie analytique utilisez-vous ?
Celle de Condillac ou bien celle de Lamarck ?
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Réflexions sur l'informatique et le jeu d'échecs par correspondance.
Une des critiques les plus virulentes que rencontre le jeu d'échecs par correspondance et l'utilisation de l'outil informatique. Mais cela reste trop vaste, car il y a informatique et informatique.
En effet l'outil informatique présente plusieurs facettes :
La bureautique va comprendre tout ce qui est traitement de texte, tableur, mise en forme de document, etc...
La gestion de l'information est plus axée sur l'utilisation de bases de données, quelles soient sous forme électronique ou " papier ". Elle répond à la question où se trouve l'information que je recherche (son gisement).
Les modules de calcul sont par essence, une possibilité d'analyse par un logiciel de différentes variantes issues d'une position donnée.
Regardons maintenant le " travail " que doit effecteur un joueur d'échecs. ce travail peut arbitrairement être découpé comme suit :
La veille documentaire.
Il s'agit ici de se tenir au courant de la pratique des autres joueurs, des nouveautés , des évolutions de telles ou telles variantes d'ouvertures, etc...
Ceci suppose d'avoir accès à cette documentation, qui peut être papier et/ou informatique. Dans ce cadre là l'informatique nous permet d'effectuer une veille documentaire quasi exhaustive.
La préparation générale.
Il s'agit ici de maintenir à jour son répertoire d'ouverture ; soit en optimisant les ouvertures ou variantes habituelles, soit en introduisant dans son répertoire de nouvelles variantes voire de nouvelles ouvertures.
Dans ce contexte l'apport de l'outil informatique est identique a celui de la veille documentaire. Il est parfois nécessaire d'analyser le matériel ainsi découvert ; nous traiterons cela dans " jouer sa partie ".
La préparation spécifique.
Ici il s'agit de se préparer aux tournois, aux adversaires d'analyser leurs styles de jeu, leurs préférences, leurs parties.
L'outil informatique va nous permettre d'accéder à ces informations mais également à analyser les parties de nos adversaires.
Jouer sa partie.
C'est le travail le plus important d'un joueur d'échecs car toute erreur ici est quasi irrémédiable et annule tous nos efforts précédents.
Mais qu'est-ce exactement que jouer sa partie ?
Une partie d'échecs est constituée d'enchaînement de coups blancs et noirs. Ces coups s'inscrivent dans une continuité logique, ils sont le résultat de notre propre réflexion sur la position qui nous intéresse.
Mais quel est le cheminement de notre réflexion ?
Qu'est-ce l'analyse d'une position ?
Reprenons l'approche de Lamarck : lecture initiale de la position, puis analyse détaillée et enfin la synthèse.
Dans la phase de " lecture " de la position notre approche est " sensitive ". Nous laissons notre inconscient travailler, identifier les règles générales, les caractéristiques globales, bref se nourrir de la position pour s'en faire une " idée " ;, savoir comment la prendre, quels sont les coups candidats possibles, nourrir notre intuition.
Puis nous entrons dans la phase d'analyse proprement dite. Cette analyse comporte également plusieurs volets : calcul des variantes, mais aussi jugement positionnel, stratégique. Savoir peser le pour et le contre d'une position, identifier nos forces nos faiblesses, les compensations totales ou partielles dont nous disposons.
A l'issue de ce rude travail, vient la synthèse. Tâche ardue, difficile devant aboutir à ce que M.Euwe appelle " Jugement et Plan ".
Nous savons maintenant ce que la position réclame et comment le mettre en oeuvre.
Et l'outil informatique dans tout cela ?
Comment fait-il ce merveilleux module de calcul face à une position donnée ?
Point de " lecture " initiale, il rentre " bille en tête " dans le calcul des variantes. Ce calcul de variantes constitue, pour lui, la phase d'analyse, point de jugement positionnel, d'analyse stratégique, ni de notion de pour ou contre, de coups candidats et encore moins de ces notions de compensations qu'elles soient totales ou partielles.
Et la phase de synthèse ?
Cette dernière est réduite à sa plus " simple " expression : une fonction d'évaluation. Plus le résultat chiffré de cette fonction d'évaluation est élevé plus le coup est " bon " !
Sans dénigrer outre mesure les aspects positifs de l'approche informatique (les modules de calcul) nous touchons ici les limites de cet outil.
Certes le pouvoir de calcul " brut " des variantes est incontestable et nous ne le contesterons pas. Cependant les modules de calculs présentent des carences indéniables, nous venons de le voir.
Ces carences peuvent être regroupées en deux catégories bien distinctes :
Ayant pris conscience des limites de l'approche analytique des modules de calcul pouvons nous ( ou devons nous ) quand même les utiliser ?
En phase préparation générale et spécifique, pourquoi se passer volontairement de la force de calcul des variantes que nous propose l'informatique ?
L'homme gardant pour lui les phases de lecture initiale, les phases d'analyse (sauf variantes) et la phase finale de synthèse (en faisant fi des résultats de la fonction d'évaluation) aboutissant ainsi à ce que M.Euwe appelle Jugement et Plan..
Dans la partie sous-traitée à l'informatique il convient d'être extrêmement prudent et vigilant. En effet les limitations de la fonction d'évaluation des modules de calcul peuvent les entraîner à sous-estimer voire à ne pas considérer des bons coups !
L'informatique nous proposent des coups qui sont bons, mais est-ce le BON coup ? Celui que réclame la position.
Nous voyons maintenant comment bien utiliser les modules de calcul dans l'analyse des variantes (et uniquement !). Laissons les calculer, calculer, et encore calculer. Puis reprenons posément tous ces calculs et passons les au crible de notre lecture initiale de la position, de nos analyse stratégique et positionnelle et de notre propre compréhension de la notion de compensation et calculons à notre tour. Un faisant ainsi nous pourrons peut-être identifier le BON coup et le BON plan, celui que réclame la position.
Et pendant une partie d'échecs ?
Cette question est donc spécifique au jeu par correspondance, tout ce que nous avons décrit jusqu'ici et commun jeu " pendule " jeu par correspondance.
Certains prônent le jeu assisté par ordinateur, d'autres demandent à interdire cette pratique si elle existe.
Si nous interdisons cette pratique, pouvons nous en vérifier la non utilisation ?
Un contrôle est-il possible ?
Si la réponse en non, alors il est vain d'interdire !
Et nous devons donc admettre cette approche même si certains d'entre nous le regrettent.
Nous avons bien identifié les limites de l'approche informatique dans ce que nous appelons l'analyse aux échecs. L'apport de l'analyse " informatique ", pour aussi précieuse qu'elle soit, ne représente qu'une infime partie de ce que doit être une analyse aux échecs. Seule la méthodologie que nous avons analysée ci-dessus est " jouable ".
Substituer l'analyse informatique à ce que doit être une véritable analyse d'une position d'échecs au sens de Lamarck est une aussi grave erreur que de laisser une pièce en prise.
Effectuer un retour d'expérience.
Hé oui, il existe un après la partie !
Que nous ayons gagné ou perdu nous aimons bien savoir pourquoi !
Ici encore l'informatique peut-être utile.
Analyse de partie, certes mais à la Lamarck !
Analyse statistique des résultats obtenus avec telles ou telles variantes face à des adversaires de tels ou tels niveaux, permettant ainsi de reboucler avec le point " préparation générale "
Qui dit gestion d'informations et statistiques parle d'informatique.
Que conclure ?
Interdire quelque chose que nous ne pouvons contrôler est illusoire, inutile.
Utiliser l'analyse informatique en lieu et place de l'analyse " sensorielle " de Lamarck est une erreur.
Que reste-il à part admettre l'aide que peut nous fournir cet outil qu'est un module de calcul tout en ayant toujours à l'esprit les limitations intrinsèques a tout outil ? .
En ayant également à l'esprit que si un module de calcul sait calculer, il ne sait pas forcement jouer aux échecs !
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Les fins de partieset de la manière de mener ses pions à dame si l'adversaire en rend l'exécution difficile.
La position du terrain est, comme on le sent bien, entièrement différente, à la fin de la partie, de celle du commencement ; parce qu'à la fin d'une parte, c'est la position momentanée des pièces qui décide du gain ou de la perte, sans qu'on puisse se reprocher de n'avoir pas évité ce qu'on n'avait pas prévu, ou qu'on ne pouvait prévoir. C'est donc à la fin de la partie qu'on peut connaître l'habile joueur, parce qu'alors le moindre coup est décisif, n'étant plus alors autant subordonné au jeu de l'adversaire qu'au commencement ; c'est donc à celui qui connaît mieux le terrain que l'avantage doit demeurer.
Le succès d'une partie, où il n'y a plus ou guères de pièces sur le jeu, dépend ordinairement de la manoeuvre du Roi ; parce qu'en tel cas, c'est la pièce la plus propre à soutenir les pions qu'on voudra pousser à Dame.
Il est très essentiel de porter le Roi en avant de ses pions, afin de les avancer sous sa sauve-garde jusqu'à dame, cela se pratique surtout quand il n'y a plus sur le jeu d'autres pièces, qui puissent le forcer à se retirer : car il y a un avantage décisif pour celui dont le Roi arrive le premier en opposition, soit pour le gain, soit pour la remise de la partie ; pour le gain s'il peut forcer son adversaire de sortir de l'opposition et de lui céder le passage par lequel son pion doit arriver à Dame ; pour la remise, s'il se maintient simplement dans cette opposition.
Mais si, outre les pions, il y a encore des pièces sur le jeu , il faut combiner si, en cas que l'on arrive le premier en opposition, on pourra s'y maintenir, ou si on pourra faire quitter place à son adversaire, afin de se déterminer en conséquence à faire pièce pour pièce, ou à l'éviter, soit pour le gain ou pour la remise de la partie.
Si à la fin d'une partie il vous reste un Fou avec deux pions de front, vous aurez un moyen assuré de les mener à Dame, en les plaçant d'abord sur des cases de la couleur opposée de celle du Fou ; celui-ci pourra interdire à votre adversaire les cases sur lesquelles il pourrait placer son Roi ou une autre de ses pièces, qui arrêteraient le progrès de vos pions, ou bien les déloger, si elles y étaient déjà établies.
De même s'il vous reste à la fin d'une partie un Fou avec un pion sur la ligne des Tours, il ne peut être mené à dame, si ce Fou n'est pas de la couleur de la case sur laquelle ce pion arrive à dame ; parce que vous n'avez plus le moyen de déloger le Roi adverse de cette case angulaire ; par conséquent vous ne pouvez faire que partie remise ou Pat.
S'il vous reste à la fin d'une partie un fou contre tour, hâtez-vous de conduire votre Roi dans le coin de l'échiquier, qui n'est pas de couleur du Fou ; c'est la seule place, pour ne pas prolonger la partie, qui décide d'un refait incontestable en votre faveur.
Si vous avez une supériorité, qui doive vous valoir la partie, il vous faut éviter de fournir occasion à votre adversaire de vous donner des échecs perpétuels, ou avoir soin de faire manoeuvrer votre Roi pour le mettre à l'abri des échecs qu'il reçoit de l'adversaire, qui pourrait faire, par le sacrifice se sa Dame ou de sa Tour, que son Roi se trouvât alors Pat.
Une remarque très essentielle, pour le gain, c'est qu'à la fin de la partie on ne se contente pas de l'avantage marqué qu'on a en mains, mais qu'on examine à fond toutes les ressources qui restent encore à l'adversaire, pour éviter ce qui vient d'être dit dans la remarque précédente.
De même, quoique votre jeu soit de faire pièce pour pièce lorsque vous en avez une de plus que votre adversaire, il ne faut pas cependant le faire quand par là vous mettez en jeu une autre pièce de l'adversaire qui pourrait vous nuire plus que celle que vous auriez prise.
Quand une partie, où vous n'aviez pu obtenir un avantage apparent, est à sa fin, il faut tâcher de trouver le moyen d'enlacer les pions les uns dans les autres ; cela vous donnera le moyen assuré de faire une partie remise. En général, dans toutes les parties où vous ne pouvez pas prendre l'avantage, il vous faut songer à faire remise, ce qu'on appelle alors jouer à la défensive.
C'est une règle générale pour ne pas perdre de temps au jeu des échecs, de ne jamais donner des échecs que lorsqu'il en résulte un avantage quelconque, le gain d'une partie, d'un pion, ou d'un temps pour aller à Dame, ou un autre événement quelconque, comme le gain de ce que l'on appelle l'après-coup.
Plusieurs amateurs donnent souvent échec au Roi, croyant que cela ne pourra faire de mal, parce que l'adversaire est toujours obligé de jouer son Roi ou de le couvrir ; au contraire, une manoeuvre pareille pourra fortifier le jeu de votre adversaire et affaiblir le vôtre. Une bonne manoeuvre de votre adversaire c'est de chercher souvent à vous engager à lui donner des échecs, quand même ce serait deux ou trois de suite, en sorte qu'il puisse par ce moyen prendre une place qu'il a en vue.
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Explications des termes usités au jeu des échecs.
Aller à dame. C'est pousser un pion jusqu'aux dernières cases du côté opposé, et alors le pion devient dame ou telle pièce qu'on juge à propos.
Case. Ce mot se dit de chacun des carrés de l'échiquier sur lequel on joue.
Cavalier. C'est une pièce du jeu, dont la marche consiste à aller d'une case noire à une case blanche, ou d'une case blanche à une case noire, en sautant obliquement.
Couvrir. Veut dire ôter la direction d'une pièce de l'adversaire sur le Roi, par une autre pièce.
Dame. C'est la seconde pièce du jeu : elle réunit dans sa marche celle du Fou et de la Tour.
Dégager. C'est la manoeuvre par laquelle on procure quelque direction à une de ses pièces.
Echec. Ce terme s'emploie pour avertir qu'on attaque le Roi, en sorte qu'il est obligé de se retirer ou de se couvrir.
Echec à la découverte. C'est celui qui se donne en ôtant une pièce qui masquait la direction d'une autre, directement sur le Roi adversaire.
Echec et mat. Se dit quand le roi étant attaqué par quelque pièce ne peut plus se couvrir ni se retirer.
Echec double. Se dit, lorsque sur le même coup on reçoit un échec de deux pièces à la fois, et qu'on se trouve par conséquent dans l'impossibilité de se couvrir.
Echec perpétuel. C'est lorsque celui qui donne échec à l'autre ne pouvant ni se couvrir, ni l'éviter, continue à le tenir toujours en échec ; alors la partie est remise.
Echiquier. C'est le tablier sur lequel on joue aux échecs, et qui est divisé en 64 carrés ou cases de deux couleurs.
Fou. C'est une pièce du jeu, dont la marche est toujours par une ligne transversale en coupant l'angle des carrés.
Gambit. Celui qui met volontairement, au second coup d'une partie, son pion du Fou du Roi en prise au pion du Roi de son adversaire, donne le pion du gambit, mot dérivé de l'Italien gambetto, qui veut dire croc en jambe.
Gambit (jouer le). Cette expression s 'emploie, lorsqu'après avoir poussé le pion du Roi ou celui de la Dame deux pas, on pousse encore celui de leur Fou deux pas.
Gambit. Le gambit est une manière toute particulière de jouer ; il y a deux espèces de Gambits : celui du Roi et celui de la Dame.
Pour jouer le gambit du Roi, il faut que le joueur qui a le trait joue le pion du Roi deux pas ; l'adversaire en fait autant ; alors le premier joueur donne le pion du Fou du Roi à prendre au pion du Roi adversaire pour rien : voilà le Gambit du Roi.
Pour celui de la Reine, il faut jouer au premier coup le pion de la Reine deux pas, ensuite livrer le pion du Fou de la Reine.
La partie du gambit est sujette à donner beaucoup de jolis coups ; mais, également bien joué, celui qui aura donné le Gambit doit perdre la partie. Il est très-rare de voir de forts joueurs faire cette partie entre eux. Quand on fait un avantage, elle peut être bonne, a cause de l'attaque qu'elle procure et qui effraye celui qui est le plus faible ; surtout lorsque l'on fait l'avantage d'une de la Tour, puisqu'on donne toujours la Tour de la dame ; lorsque l'on fait l'avantage du Cavalier, il est très dangereux de jouer cette partie.
Ligne ouverte. On appelle ainsi une ligne directe de l'échiquier sur laquelle il n'y a plus se pion.
Masquer. S'appelle, quand on ôte la direction d'une pièce par une autre.
Mat. Mat se dit quand le Roi est attaqué et qu'il ne peut jouer sans se mettre en prise, ni prendre la pièce par laquelle il est attaqué, ou défendre l'échec en plaçant une pièce entre lui et celle qui attaque. Celui qui fait Mat gagne la partie.
Mat aveugle. C'est celui qui se fait sans être annoncé.
Mat étouffé.S'appelle, quand le Roi se trouve serré de si près par ses propres pièces, qu'elles l'empêchent de se soustraire à l'échec qu'on lui donne.
Opposition.Des deux Rois qui s'approchent, celui-là se met en opposition, qui arrivant à la plus grande proximité de l'autre (c'est-à-dire à une case de distance), le force de rétrograder ou de côtoyer toujours sur la même ligne.
Partie remise. Quand personne ne peut faire mat son adversaire, la partie est nulle ; il y a plusieurs manières de rendre les parties nulles.
Passer prise. C'est lorsqu'à sa première case, un pion qui, en s'avançant d'un pas seulement, aurait pu être en prise par un autre de l'adversaire parvenu à la quatrième case de son adversaire s'avance deux pas ; l'adversaire toutefois ayant le choix de le laisser passer ou de le prendre en plaçant son pion à la case où il se serait avancé d'un pas.
Pat. Terme que l'on emploie pour signifier qu'un des deux joueurs ne peut plus jouer, sans mettre en échec son Roi qui n'y est pas, alors c'est partie remise.
Pion. C'est une des petites pièces du jeu. Il y a huit pions blancs et huit pions noirs.
Pion doublé. Pion doublé est celui qui, par quelque prise, vient de se placer sur une ligne directe d'un autre pion, soit devant ou derrière.
Pion isolé.C'est celui qui reste seul, sans être soutenu par aucun.
Pion lié. C'est celui qui est soutenu immédiatement par un autre.
Pion passé.On désigne par pion passé un pion qui n'en a pas devant lui, ni dans les deux colonnes de sa droite et de sa gauche, de sorte qu'il faille par conséquent une pièce pour le prendre et l'empêcher d'aller à Dame. C'est un grand avantage d'avoir des pions passés, surtout au centre de l'échiquier ; il faut faire tous ses efforts pour les y bien soutenir. L'adversaire est presque toujours obligé de faire un sacrifice pour les détruire.
Position. L'on entend par ce mot l'arrangement le plus avantageux des pions et des pièces, ce qui se pratique, en observant certaines règles, en avançant les uns et en sortant les autres.
Remise. On appelle une partie remise lorsque, par égalité de pièces ou par leur disposition, le mat est impossible.
Roquer. On appelle ainsi la manoeuvre par laquelle on déplace le Roi de deux cases, soit du côté du Roi même ou de la Dame, en plaçant la tour à la case du Fou du Roi, ou à la case de la dame, du côté de celle-ci.
Sacrifier. Veut dire abandonner un pion ou une pièce à son adversaire, par un motif quelconque.
Tour. C'est une pièce du jeu, à laquelle on a aussi donné le nom de Roc.
Trait. Le trait est le droit de jouer le premier.
Le jeu des échecs a toujours été regardé comme une science ; le nombre des auteurs qui en ont traité est considérable ; si leurs livres n'ont pas tous un mérite égal , il est incontestable que l'amateur de ce jeu pourra recueillir dans chacun d'eux de très précieux renseignements.
Dans l'ordre utile nous recommanderons : Les Leçons Elémentaires de M.l'Abbé Vetu ; et le Petit Traité de Damiano, puis : L'Analyse de Philidor ; viendront ensuite : le Jeu des Echecs de Phillippe Stamma ; celui du Calabrois, le Manuel de Stein, le Traité par une société d'amateurs, l'Encyclopédie, par Alexandre, et enfin le Traité de La Bourdonnaye.
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REFLEXION SUR LA DEFINITION D'UN PLAN.
Notre noble jeu présente de nombreuses facettes, nous entendons régulièrement les termes tactique, stratégie, plan, jeu positionnel, etc...
Si ces termes semblent bien définis dans le langage commun, dans la sphère du jeu d'échecs leurs définitions sont plus troubles et imprécises.
La tactique est une succession de coups élémentaires, et dans ce sens c'est sans aucun doute le terme le mieux défini.
Mais ces coups se succèdent dans un certain cadre, ils ne sont normalement pas dus au hasard ils découlent d'une certaine idée générale, suivent une certaine logique, en d'autres termes le joueur qui les exécutent semble bien suivre un plan.
Voici donc une première définition du terme plan : un plan est donc un cadre de réflexion, une sorte de schéma directeur permettant au joueur de définir une direction dans laquelle il serait bon de s'orienter car permettant soit d'optimiser nos chances soit de ne pas les détériorer.
En ce sens le plan repose donc sur une analyse de la position en y intégrant des paramètres tactiques et positionnels de la position concrète soumise au joueur. Mais cette analyse concrète doit intégrer une vision dynamique de la position, une tendance, une évolution...
Ici donc, un jugement absolu cède la place à un jugement évolutif, relatif; nous parlerons d'amélioration de la position ( ou de dégradation de la position adverse), d'optimisation de chances de gain, des menaces. la défense devient plus difficile, les blancs menacent de menacer on parle de coups uniques, la position arrive à un point critique, la tension est maximum, etc...
Deux mots important viennent d'être utilisés : relativité et tension.
Relativité, oui, car la gestion des tensions impose de prendre en compte le facteur temps ; et par définition même du terme « tension » nous retrouvons cette idée fondamentale d'équilibre et c'est sur cet équilibre que l'analyse doit porter. Cet équilibre est fragile, car chaque coup élémentaire des joueurs peut perturber cet équilibre éphémère et instable.
Nous devons donc reprendre notre définition initiale du plan en y intégrant cette notion de gestion, d'équilibre des tensions. Qui dit tension, parle d'évolution des tensions, de relâchement des tensions ; en effet la situation concrète d'une partie va évoluer soit vers le gain, la perte ou bien vers le partage des points une position finale de la partie où il n'existe plus de tensions, plus de dynamisme, plus de mouvements, plus d'énergie.
Le plan devient donc un schéma directeur, un cadre de réflexion, une description dynamique, permettant de gérer le relâchement des tensions !
Cette description est cependant extrêmement délicate à réaliser voire, dans l'absolu, quasi impossible, en effet la multiplicité des facteurs intervenants est telle qu'aucune théorie complète et exhaustive n'existe pour notre noble jeu, c'est une difficulté majeure et incontournable.
Il nous faut donc simplifier les schémas, les concepts, ne retenir que les facteurs dimensionnants, intégrer la notion tu temps qui passe et celle de relâchement des tensions. C'est seulement ainsi que notre plan ou notre description dynamique trouvera une solution.
Cette solution, par essence, n'aura aucun caractère d'absolu, elle ne trouve sa pertinence que dans la véracité des approximations et/ou simplifications adoptées ainsi que dans le choix des facteurs dimmensionnants. Elle ne peut être que relative...et chaque coup qui se présente sur l'échiquier peut faire émerger des contraintes ou des facteurs nouveaux, imposant une redéfinition ou une adaptation de notre solution.
Rien n'est acquis de façon définitive ; nous avons défini un cadre, une description dynamique dont la véracité dépend de paramètres relatifs évoluant en fonction du temps et au gré de notre adversaire. En effet, par ses seuls coups et par sa propre perception de la position, il influe de façon certaine sur des paramètres hors de portée de notre analyse.
Notre description, notre solution, notre plan est donc basé sur une simplification de la réalité, sur un choix à priori de facteurs dimmensionnants mais également sur des paramètres non accessibles à notre connaissance immédiate.
Nous pouvons maintenant donner une définition plus précise du terme « plan ».
Le plan correspond à une description énergético-mécanistique du relâchement des tensions en fonction de la dégradation de la position, sur la base d'une simplification des schémas conceptuels phénoménologiques, en ne retenant que les mécanismes dimensionnants au cours du temps vis à vis de relâchement des tensions et dont les paramètres sont (ou seront) accessibles à la connaissance.
Posé en ces termes, nous avons donc une définition opérationnelle du Plan dans une partie d'échecs, définition extrêmement différente du sens commun que nous pouvons donner à ce mot.
Cette définition montre bien le caractère relatif de notre description dynamique basé sur une double contrainte : la non-accessibilité d'une théorie globale de notre jeu, mais également la non-accessibilté de certains paramètres qui à un moment donné restent hors de notre sphère de connaissance.
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Notre noble jeu présente bien des facettes différentes et parfois contradictoires, c'est ce qui fait sans doute à la fois son attrait mais également sa difficulté.
En effet nous demandons souvent à notre jeu d'être à la fois forçant, tranchant mais également souple solide et plein de possibilités diverses et variées.
Comment pouvons nous marier ensemble jeu forçant et souplesse ?
Comment pouvons nous exercer une pression sur notre adversaire sans nous découvrir et tout en gardant le maximum de souplesse dans notre position ?
Cette quadrature du cercle semble bien sans solution et pourtant !
Il suffit de se demander ce que nous appelons pression !
Hé oui, il y a pression et pression !
Nous trouvons aisément des exemples de pression positionnelle, des parties où l'un des joueurs fait pression sur une aile ou sur l'autre . La pression peut être statique (une colonne de pression) et/ou dynamique (une menace d'avalanche de pions sur un roque).
Mais il existe une autre sorte de pression la pression d'ordre psychologique !
Hé oui, notre jeu à la particularité d'être pratiqué par un être humain'et toute pression sur ce facteur est une pression sur la partie !
Le premier a reconnaître ce fait fût Lasker Le Magnifique.
Parmis les artéfacts de la lutte psychologique nous allons rencontrer la Transposition.
Cet outil est basé sur quelques idées relativement simples :
Pour illustrer notre propos, nous prendrons l'exemple suivant :
1.e4 e5
2.Cf3 Cf6
Face à la Petrof, comment réagir ?
Doit-on accepter la proposition de notre adversaire et accepter son choix du champs de Bataille ?
Doit-on accepter la proposition de notre adversaire mais en lui réservant quelques perfides surprises ? Par exemple l'utilisation du démoniaque gambit Cockrane ?
Doit-on refuser cette proposition et transposer ?
Nous vous proposons de regarder deux exemples de transposition.
En effet suite à la suite :
1.e4 e5
2.Cf3 Cf6
Les Blancs peuvent poursuivre par 3.Cc3 ou 3.d3.
Comment ?
Quoi ?
Mais il est fou, semblez-vous dire !
Nous proposer la Viennoise et un coup aussi stupide que 3.d3 !!
Hé bien oui, je vous propose la Viennoise, une ouverture bien plus perfide que ce que les manuels d'ouverture laissent entendre.
Qu'en au coup 3.d3, avant de le rejeter définitivement posez-vous la question suivante : mais pourquoi diable de satané coup est-il mauvais ?
Que cela soit concernant la Viennoise ou cette Ponziani/Philidor en premier prenez le temps de réfléchir par vous même. Ne laissez plus les autres, les différents auteurs d'ouvrages sur les ouvertures, vous imposer leurs jugements ils ont parfois raison mais très souvent leurs jugements présentent des failles et ce qui est condamné se révèle parfaitement sain et totalement jouable !
Yvinec,J (2123) - Brichacek,M (2000) [C47]
WC 13-P/P07
1.e4 e5 2.Nf3 Nf6 3.Nc3
Les Blancs outre le gambit Cockrane disposent de suites plus calme pour contrer la Petrov. Cette sortie de cavalier, souple permet de nombreuses transpositions.
3...Nc6
Une position bien calme en apparence...
4.g3
Une recommendation du GMI Igor Gleck qui amène de nouvelles possibilités dans cette quatres cavaliers.
4...d5 5.exd5 Nxd5 6.Bg2 Nxc3 7.bxc3
Les pions doublés ne présentent aucune faiblesse pour le moment. La case d4 est bien couverte, et les Blancs peuvent générer un jeu actif grâce aux colonnes a et b. Cette position peut également survenir via cette merveilleuse ouverture qu'est la Viennoise.
7...Bc5
[7...Be7; 7...Bd6]
8.00 00 9.Re1 Re8 10.d3!
10. d4 est beaucoup plus turbulent. Dans cette partie le conducteur des Blancs semble préférer la solidité aux risques !Il convient cependant d'ajouter que le choix de ce début est une première pour le conducteur des Blancs.
10...Qf6 11.Bg5
La partie sort des références bibliographiques des Blancs...il va bien falloir commencer à réfléchir seul.
11...Qg6 12.Be3 Bxe3
Une petite surprise.
[12...Bb6 13.Nh4 Qd6 14.Qh5 Be6 15.Nf5 Qd7÷]
13.Rxe3 f6
Une nouvelle surprise pour les Blancs qui ne s'attendaient pas à cela.
14.d4
Une réaction immédiate et agressive. Deux surprises coup sur coup, s'en est trop !
14...Qf7
Et de trois!La série continue. Dans cette séquence de jeu il fût impossible aux Blancs d'anticiper le moindre coup des noirs...cela sent la préparation maison à plein nez!
15.dxe5
Sans craindre les fantômes.
15...Bg4!?
Un gambit prometteur complètement sous-estimé par les Blancs. Pour le moment les Blancs subissent le plan des Noirs...et ils n'aiment pas cela !
Mais alors pas du tout !!
16.exf6 Rxe3 17.fxe3
La structure de pions blanc fait peine à voir.
17...Rd8
Un gain de temps important...mais chassant la Dame sur une très bonne colonne.
18.Qf1 gxf6
Cette reprise semble impérative pour assurer un soutient au Cc6. L'aile Roi est cependant fracassée...
19.Nh4
Lache la colonne d, mais commence à regarder vers l'aile Roi .Les Blancs commencent à dérouler leur propre plan.
19...Rd2 20.Qf4 Ne5 21.Rf1!?
En accord avec leur 19 ieme coup les blancs jouent sur la faiblesse de l'aile roi noire...en laissant leur propre aile dame se débrouiller toute seule.
21...c6 22.Nf5!
Et encore un merveilleux cavalier !Les Blancs vont définitivement prendre le leadership de la partie.
22...Bxf5 23.Qxf5
Avec quand même un oeil sur c2.
23...Kg7 24.Be4!
Ce fou bien passif depuis le début de la partie entre enfin en jeu et avec des menaces directes. La suite est quasiment forcée.
24...Qg6 25.Qf4 Qg5 26.h4!
Une heureuse découverte qui justifie 21.Tf1
26...Qxf4 27.exf4
Les Blancs redressent doucement leur structure de pions, en profitent pour ouvrir la colonne e et déloger le fort cavalier central. Le milieu de jeu est maintenant terminé, place à la finale...sans doute la phase la plus technique de la partie et la plus redoutée par bien des joueurs.
27...Nd7 28.Bf5
Un coup avec de multiples facettes: libère la colonne e, garde le contrôle de c2 et met h7 et d7 sous pression. Le rythme de la partie reste vif; chaque coup des Blancs apporte son lot de problèmes.
28...Rd5
Notez bien que cette Tour vient de quitter son superbe poste en d2.
29.g4!?
Les pions avancent comme à la parade...tout en gagnant pas mal de terrain.
29...Nf8
Ce bon coup défend e6, h7 et libère le Roi Noir qui ne rêve que de venir en f7 pour contrôler la colonne e.
30.Re1 Kf7
Avec un Ouf de soulagement...
31.Bd3
Ce Fou a la recherche de nouvelle diagonale domine totalement le cavalier adverse et pose aux Noirs d'incessants problèmes. La position noire se dégrade...où sont passés le cavalier central et la tour sur la deuxième rangée .La Te1 est surpuissante et le Fou magnifique...manque juste le Roi.
31...Rc5 32.Re4! b5
Il faut bien empêcher ce damné fou de trucider le Roi Noir par un échec en c4.
33.c4 b4 34.Kf2
Sa majesté s'avance pour soutenir son armée.
34...Ne6 35.Ke3
Une position bien centralisée.
35...Ra5
Les Noirs semblent avoir bien remontés la position et une fois de plus menacent les pions faibles de l'aile dame blanche.
36.c5!
Une ouverture de ligne efficasse. Les Blancs font systématiquement surgir des problèmes aux pauvres Noirs.
36...Nxc5 37.Rxb4 Nxd3 38.cxd3 h5 39.g5
En avant pour la création de pions passés.
39...fxg5 40.hxg5
Pion passé éloigné contre pions passés et liés.
40...c5 41.Rb7+
A chacun son tour d'avoir une Tour en septième...mais l'irruption de la Tour Blanche se fait les armes à la main.
41...Kg6 42.Rc7 h4 43.Rc6+ Kf7 44.f5
Un joli duo de pions selon Kmoch.
44...Rxa2 45.Rc7+
Resserre le garrot.
45...Ke8 46.g6
Les pions sont maintenant irrésistibles.
10
Yvinec,j (2123) - Almeida Claudio Corréa (2017) [C44]
Jubille ICCF-Prel.
1.e4 e5 2.Nf3 Nf6 3.d3
Une suite extrêmement rare...mais parfaitement valable. L'idée fondamentale est d'assurer une forte position centrale par une structure de pions compacte et retenue.
3...Nc6 4.c3
Les Blancs s'orientent vers des schémas issus de la Philidor...mais avec un tempo d'avance !Ce coup, souple libère c2 pour la Dame, et prend le contrôle de d4 tout en regardant vers l'aile dame (b4).
4...d6
Les autres possibilités passent par d5 et g6.Les deux protagonistes semblent d'humeur pacifique, et pour le moment refusent tout contact avec l'armée adverse.
5.Be2 Be7 6.00?!
Prématuré et avec force !Plus précis semble être le plan sans petit roque; mêlant une position d'attente au centre et une avance sur l'aile Roi; le cavalier b1 devant vise f5 via d2-f1-g3 après h3 et g4.Ce n'est pas parce que la position est des plus calme...qu'il ne faut pas songer de façon agressive.
6...00 7.Nbd2 d5 8.Qc2
Une position classique et typique...de la Philidor...
8...a5 9.b3
Prépare la mise en b2 du Fc1 et empêche l'avance a5-a4.Par rapport à une Philidor classique, les Blancs ont plusieurs temps d'avance; nous retrouvons ici tout l'intérêt de jouer, avec les Blancs, des ouvertures noires.
9...b6 10.a3
La prise de contrôle de b4 est très importante. Remarquez la lenteur du jeu...mais également la richesse de cette position. Nous sommes au dixième coup et encore aucun échange !Tout reste à faire; quel plan adopter, où porter son effort ?
10...Ba6 11.Re1
Classique.
11...Qd7 12.Bb2
Le développement Blanc est maintenant terminé, la position est extrêmement solide et les possibilités agressives existent tant à l'aile Roi (Cf5) qu'a l'aile Dame (b4).La difficulté de la position est bien réelle...elle consiste simplement à bien définir le plan qui nous guideras pendant la phase suivante de la partie...bien calme pour le moment.
1 2....dxe4
Un tel échange me surprendra toujours parce que je ne sais pas répondre à la question pourquos fait-il cela ?
13.Nxe4
Semble plus énergique que la reprise par le pion.
13...Ng4?!
Mais que vient faire ce canasson en g4 ?
14.h3 Nf6
Et encore un gain de temps.
15.d4!?
Le Blancs ont donc identifié leur Plan: le jeu au centre !
15...Bxe2 16.Rxe2!?
Cette reprise est plus précise que 16. Dxe2
16...Nxe4 17.Rxe4 exd4 18.cxd4
Les Blancs sont mieux. Trois pièces est un pion contrôlent e5, et la dame et l'autre tour vont bientôt jouer sur la colonne c.
18...b5?!
Une tentative de défendre c6...
19.Rc1 f5?!
Mouais, ...toujours cette même question: pourquoi ?
20.Re3 f4 21.Re4
L'avance du pion de f4 jusqu'en f4 favorise les Blancs.
21...Ra6 22.Qe2
En plus des colonnes c et e, les Blancs prennent possession de la diagonale a6-f1.
22...Qd5 23.a4
Le début de la fin.
23...Nxd4 24.Rxd4 Re6 25.Rxd5
Sans doute le plus simple.
25...Rxe2 26.Rxc7 bxa4 27.bxa4 Re8 28.Bd4 Ra8 29.Be5
Coupe la défense du Fe7 et semble menacer f4.
29...Bf8 30.Bxg7! Re7 31.Rxe7 Bxe7 32.Be5 Rc8 33.Rxa5
Le pion a4 devient ainsi un pion passé.
33...Rc1+ 34.Kh2 Rc2 35.Ra7 Bf8 36.a5
1-0
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Réflexions sur la tactique, le jeu positionnel et la stratégie
Conduire une partie d'échecs est une activité difficile. En effet ; il nous faut juger un position, l'analyser, calculer des variantes, déterminer un plan et déjouer tous les pièges de l'adversaire.
Cette difficulté est bien réelle ; trouver des éléments de réponses n'est pas simple.
Nous parlons couramment de jeu positionnel, tactique et de stratégie mais que se cache-t-il derrière ces mots ?
Il me semble qu'une certaine confusion règne dans la définition même de ces termes.
Peut-on opposer jeu positionnel et jeu tactique ?
Je ne le pense pas !
La tactique ne devrait être que l'enchaînement de coups spécifiques répondant à une caractéristique intrinsèque et éphémère de la position.
Le jeu positionnel est plus subtil et par certain côté plus difficile à maîtriser. C'est bien le jeu positionnel qui va permettre, ou non, l'émergence de positions permettant la combinaison. Regardons les grands joueurs du passé que les commentateurs ont qualifié de grands joueurs positionnels : des Botvinnik, Capablanca, Aleckhine, Petrossian, Nimzovitch, Rubinstein etc...
Ces joueurs d'exception étaient également de redoutables tacticiens !
Mais par-dessus tout ils maîtrisaient l'art d'amener des positions où leur immense talent tactique pouvait s'exprimer.
Ainsi, donc, le jeu positionnel est indissociable de la tactique. C'est comme si, nous ne disposions que d'un curseur unique a deux pôles: un pôle tactique et un second positionnel. C'est la position de ce curseur qui donnera la caractéristique finale de la partie et caractérisera également le style du joueur.
En d'autre terme, nous ne pouvons jouer 100 % positionnel, comme nous ne pouvons jouer 100 % tactique.
Mais qu'est-ce donc que le jeu positionnel ?
Question bien difficile.
Le jeu positionnel est totalement différent de ce que nous appelons le jeu d'attaque ou de défense. Attaque et défense ne sont que deux moyens, deux façons de conduire une partie d'échecs, ou une phase de cette partie.
Le jeu positionnel doit donc être une manière spécifique de construire sa partie, répondant à des critères objectifs mais également subjectifs.
Objectifs, certes; car il existe des règles générales. Et la pratique nous démontre de façon factuelle le risque énorme que nous prenons en ne respectant pas ces règles. Mais, ici, il convient de faire très attention. Qui parle de règles générales ne doit jamais oblitérer les caractéristiques concrètes de la position ! .
Subjectif également, car ce sont des joueurs humains qui s'affrontent. Et ces joueurs ont des préférences, des styles, des façons de jouer tout à fait personnels (un Petrossian ne jouera jamais comme un Fisher, etc...). Subjectif également car toute la conduite de la partie est influencée par l'objectif, le but que c'est fixé le joueur : gain, nulle. But dans la partie même, mais également but recherché par le joueur dans le tournoi : gain, qualification, classement...
Dans le sens commun, nous ne retrouvons pas ce volet subjectif dans la définition du jeu positionnel. Ce volet en est exclu, et le jeu positionnel est basé uniquement sur des critères objectifs ( contrôle du centre, colonne ouverte, structure de pions, etc...).
Nous intégrons cependant ce volet dans le jeu positionnel, car la vision classique n'est applicable qu'à une position ne présentant qu'une seule typologie ce qui est rarement le cas en pratique.
Face à des situations concrètes, où la position présente de multiples typologies, le choix appartient au joueur, et a lui seul. Il va donc juger, analyser et bâtir un plan de bataille, une stratégie. Et ce faisant, il devra bien intégrer des critères objectifs et subjectifs liés à sa propre personnalité mais également liés à celle de son adversaire.
Le jeu positionnel ne peut donc être dissocié de la stratégie qui appartient au joueur.
Notre curseur à deux pôles (positionnel et tactique) n'est qu'une simplification de la réalité, qui ne tient absolument pas compte du plan ou de la stratégie que suit un des deux joueurs (ou les deux !).
C'est sans doute ici que réside la grande richesse, mais également la grande difficulté, de notre noble jeu. C'est ici que se réalise la différence entre le Maître et l'amateur même doué.
Nous avons donc plusieurs composantes dans une partie d'échecs : la tactique, le jeu positionnel et la stratégie.
Nous avons vu que tactique et jeu positionnel sont indissociables. Nous avons vu, également, que jeu positionnel et stratégie sont liés.
Résoudre ce problème ressemble à la quadrature du cercle ...impossible ! ?
Et cependant, il arrive que parfois nous trouvions la clé, parfois seulement?
Comment maîtriser ces trois composantes de notre jeu ?
Si la tactique peut d'apprendre sur la base d'exercices répétés il en est de même pour une grande part du jeu positionnel, mais pas dans sa totalité !
En effet seul l'expérience et la pratique permettront au joueur de comprendre (et non pas d'apprendre) les subtilités du jeu positionnel.
Le volet stratégique, lui, ne peut être exclusivement maîtrisé que par la pratique et l'expérience. Il dépend, comme le jeu positionnel de critères objectifs et subjectifs. Mais le nombre de paramètres intervenants est notablement plus vaste.
Ici c'est la personnalité même du joueur qui va s'exprimer. Il lui faut identifier un plan, un schéma directeur de la partie, mais également il lui faut définir les moyens qu'il devra utiliser pour attendre son objectif.
Il lui faudra également tenir compte du fait qu'il n'est pas seul, il rencontre un autre joueur, qui lui aussi va tenter de dérouler son plan, d'imposer sa vision du jeu, sa stratégie. Il lui faut intégrer ce facteur dans sa réflexion.
Sa stratégie, son plan, est loin d'être une oeuvre figée. C'est une création vivante qui demandera de multiples adaptations, corrections et évolutions pour parfois être suspendue car la position concrète amenée sur l'échiquier va réclamer une solution tactique immédiate et définitive dans certains cas.
Peut-on jouer sans plan, sans stratégie ?
Est-ce jouer aux échecs que de jouer de cette façon ?
La réponse est votre et vous appartient?
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Notre noble jeu est sous divers aspects, merveilleux remarquable mais ô combien difficile.
Il présente de multiples facettes selon l'angle sous lequel nous pouvons le regarder. Il suffit de se souvenir cette lancinante question : est-ce un art, une science ou tout simplement un jeu ?
Question lancinante qui à ce jour n'a pas encore trouvé de réponse définitive. Cette non-réponse est caractéristique de la richesse intrinsèque du jeu d'échecs, qui selon l'angle pris par un observateur, peut prétendre à chacune de ces catégories avec des éléments de réponses convaincants.
Mais nous pouvons poser le problème d'une autre façon, en suivant une autre approche.
Les possibilités du jeu d'échecs sont-elles finies ou bien infinies ?
Nous vous laissons démontrer la réponse à cette question, mais à l'évidence les possibilités de notre jeu sont limitées, finies.
Seulement voilà que surgit la première difficulté. Si ces possibilités restent finies, elles restent cependant inaccessibles à l'entendement humain !
Mais pourquoi donc demanderez vous ?
Uniquement parce que ce nombre de possibilités est extraordinairement élevé, bien trop élevé pour nous. Tellement astronomique, colossal, et immense, qu'il présente toutes les caractéristiques de l'infini.
Peut importe la valeur intrinsèque de ce nombre, il nous est à jamais inaccessible?
Ce fait a-t-il une incidence sur notre propos ?
Hélas, trois fois hélas, oui...
Un système borné, un ensemble limité mais accessible à notre connaissance permet une analyse exhaustive de la part des chercheurs , analyse permettant de dégager une théorie . Ici, nous nous plaçons volontairement dans l'hypothèse que les échecs peuvent, par certains côtes, être assimilé à une Science.
Les scientifiques connaissent bien cette notion de théorie. elle doit répondre à deux impératifs incontournables :
1. Pouvoir expliquer les faits soumis à notre connaissance,
2. Pouvoir prédire de nouveaux faits ou des conséquences non encore accessibles à notre connaissance.
Cette dernière contrainte est fondamentale, car c'est seulement elle qui permet de caractériser la justesse et la robustesse d'une théorie.
Prenons un exemple relativement simple : la théorie de la relativité.
Cette théorie permet d'expliquer l'ensemble de tous les faites soumis à notre connaissance immanente.
Mais ceci est-il suffisant ?
D'autres théories permettent également de décrire ces faits !
Alors comment choisir, comment trancher ?
Nous en arrivons au deuxième point. En appliquant cette théorie de la relativité dans le domaine de l'astrophysique, des conclusions, des conséquences théoriques inattendues ont émergées ; par exemple les lentilles gravitationnelles, faits non connus à l'époque et non observés.
Nous y voilà, les chercheurs savaient maintenant dans quelles directions chercher et ils ont réussi à découvrir ce phénomène bien réel, mais non observé jusqu'ici.
Cet exemple représente la meilleure preuve de la justesse et de la robustesse de cette théorie ; les théories alternatives ne permettant pas d'expliquer ce phénomène?
Revenons, maintenant a notre noble jeu.
Possédons-nous, aujourd'hui une théorie globale ? du jeu d'échecs, théorie respectant les deux contraintes ci-dessus évoquées ?
La réponse est malheureusement non !
La connaissance que nous pouvons avoir du jeu d'échecs nous ne permet pas à ce jour de faire émerger une théorie satisfaisante.
Mais, notre situation n'est pas si catastrophique que cela. L'expérience, la pratique assidue et constante nous a permis de forger des outils, des éléments de réponses, quelques briques éparses qui certes ne forment pas une théorie, mais nous aident bien dans la conduite de chaque partie.
Nous savons maintenant comment lutter contre un pion isolé, comment utiliser le potentiel d'une colonne ouverte, comment valoriser la force intrinsèque d'un pion passé éloigné, etc...
Oui mais voilà, ces éléments de réponses, ces briques élémentaires du jeu positionnel, ne constituent que des réponses partielles adaptées à une caractéristique unique présente dans une position donnée. Une telle brique est donc uniquement adapté à une typologie donnée.
Si notre partie, notre position, ne présente qu'une et une seule typologie, la brique élémentaire que nous évoquons peut prétendre à un pseudo statut de théorie. En effet, elle explique bien le fait, la typologie, la façon de s'y prendre, mais permet également, par certain côté d'être prédictif (au sens de notre deuxième contrainte) en prédisant de bonnes (très) chance de victoire.
Mais il nous faut bien reconnaître que ce cas idéal, une position mono typique, reste du domaine de l'exception.
La dure réalité de la pratique nous le prouve avec constance.
Par essence, nos parties, nos positions présentent de multiples typologies. Certes, les différentes typologies prises séparément peuvent être appréhendées par des briques spécifiques. Mais le joueur se retrouve face à de nombreuses difficultés : comment à partir de ces briques élaborer un plan d'ensemble cohérent en prenant en compte toutes les contraintes induites par ces briques, voire même des incompatibilités manifestes ?
Exercice extrêmement délicat que nous rencontrons systématiquement dans nos parties, en pestant et regrettant l'absence d'une théorie globale qui pourrait ici nous être d'une aide très précieuse.
Résumons, donc, la situation où nous nous trouvons.
Sur l'échiquier se présente une situation complexe, et comme à chaque fois, constituée de plusieurs typologies différentes.
Damned !
A notre disposition point de théorie, mais des outils, des briques élémentaires disparates et diverses.
Sous le tic tac lancinent de la pendule et le regard goguenard de notre adversaire du jour, nous nous plongeons dans une longue et immense réflexion.
Et que se passe-t-il alors ?
Plus notre analyse et notre réflexion progressent, plus les difficultés s'amoncellent.
Nous sommes face à une multitude de possibilités et face à un abîme d'indécisions.
Savoir que les possibilités inhérentes à la position présente sous nos yeux sont limitées en quantité ne nous aident que peu dans notre choix. Ces possibilités sont tellement complexes et nombreuses quelles présentes tous les caractériels de l'infini.
Et face à cette infinité de complexité répond un abîme d'indécisions ?
Infini et abîme !
Sortir de cette impasse c'est de l'Art, du grand Art !
Et cependant, parfois, sans avoir pris trop de temps de réflexion et sous le regard éberlué de notre adversaire du jour, nous sommes capables, délicatement, avec grâce et délectation de planter un coup qui s'inscrit parfaitement dans les impératifs de notre position et qui présente toutes les caractéristiques du bon coup !
Mais pour une solution aussi magnifique que celle ci, par quelle quantité de souffrance de doute et d'incertitudes nous sommes passés.
En fait, quand nous plantons ce coup, nous ne savons même pas que c'était Le coup !
Tout au plus, avons-nous le sentiment que c'est un bon coup.
Mais pourquoi autant d'indécisions et de doutes ?
Parce que, face à notre damnée position, nous n'avons pas connaissances de la totalité des tenants et des aboutissants. Nous ne pouvons pas, sauf exceptions, faire d'analyse exhaustive des potentialités présentes, mais nous devons cependant prendre une décision.
Face à l'infini d'une part, et à l'abîme de l'autre, notre réponse n'a aucun caractère d'absolu ; elle ne peut qu'être relative, incomplète et partielle. C'est ce que nous appelons le plan .
Le plan, ne représente donc, qu'une solution imparfaite au problème que nous posent une position, une partie d'échecs.
Par extension et approximation, nous pouvons considérer le plan comme une solution approchée et sans doute inexacte du problème qui nous est posé par la position, en l'absence de théorie globale.
Dans un article précédent nous avions donné une définition du Plan :
Le plan correspond à une description énergético-mécanistique du relâchement des tensions en fonction de la dégradation de la position, sur la base d'une simplification des schémas conceptuels phénoménologiques, en ne retenant que les mécanismes dimensionnants au cours du temps vis à vis de relâchement des tensions et dont les paramètres sont (ou seront) accessibles à la connaissance.
Face à l'absence de théorie globale du jeu d'échecs, le joueur est confronté, pour résoudre les tensions induites par la position, à une infinitude de complexités et de possibilités d'une part, et à un abîme d'indécisions d'autre part. Sa seule possibilité pour essayer de résoudre ce problème est de limiter les variables à prendre en compte, de simplifier autant que faire se peut les tenants et les aboutissants. A l'issue de cette simplification/approximation il lui sera alors possible d'établir un schéma directeur, un guide ce que nous appelons un Plan.
Ce Plan n'est bien évidemment pas La solution du problème posé par la position, il représente le meilleur compromis possible, à un moment donné et en fonctions des éléments disponibles accessibles à sa connaissance entre ces deux notions que nous avons introduites : l'infini d'une part et l'abîme de l'autre.
Pas de vérité absolue, pas de solution définitive, nous sommes de pleins pieds dans le domaine de l'évolutif, du subjectif, bref du relatif.
C'est, sans aucun doute, cette caractéristique intrinsèque qui constitue l'essence même de la difficulté du jeu d'échecs. En effet, à chaque coup qui passe nous devons bien prendre des décisions vitales sans pour cela connaître toutes les contraintes, ni même toutes les conséquences de nos actes.
Et la pratique de notre noble jeu par correspondance dans tout cela ?
Hélas, trois fois hélas!
Cette pratique merveilleuse ne fait qu'empirer les choses !
Comment cela direz- vous ?
Avec un temps de réflexion quasi infini, le joueur devrait pouvoir être capable d'approcher la vérité, non ?
Hélas,
Ce temps de réflexion mis à sa disposition dans le jeu par correspondance va avoir une conséquence inattendue et paradoxale. Il va, si c'était encore possible, accentuer le trouble du joueur en maximalisant l'infinité des possibilités de la position, mais également l'abîme d'indécisions qui l'habite !
Hé oui, plus nous réfléchissons sur une position 'plus nous découvrons des choses et plus notre indécision augmente. Plus nous avons le temps de réfléchir sur une position, plus nous maximalisons les deux infinis qui nous entourent.
Le joueur d'échecs est donc soumis à une tache bien ingrate. Il doit évoluer et prendre des décisions dans un environnement évolutif, sur la base de données partielles, voire même inaccessible à sa connaissance. Il doit prendre des décisions dont les conséquences elles même lui sont inconnues.
Cette tâche paraît impossible à réaliser, tant les contraintes sont énormes.
Et pourtant parfois, quand la grâce nous touche, nous sommes capables de résoudre cette difficulté !
Mais comment donc pouvons nous y parvenir ?
Cela ressemble à de la sorcellerie !
Dans ce cas nous pouvons lire des commentaires comme :
ü C'est du grand Art,
ü C'est quasi magique,
ü Le jeu de M. X est surhumain ?
ü Tel joueur est touché par la grâce,
ü etc...
Que des appréciations subjectives démontrant bien que le cheminement de pensée du joueur, qui vient de réaliser cet exploit, reste incompris même de la part de ces confrères.
Cette incompréhension semble due au fait que pour résoudre son problème, le joueur a fait appel à autres choses qu'un raisonnement purement mathématique et absolu.
Face à l'infini d'une part et à l'abîme d'autre part, il a réussi l'exploit de résoudre la quadrature du cercle. Son raisonnement, d'une logique d'acier, comporte cependant, et heureusement, des facteurs subjectifs.
Subjectifs disons-nous !
Dans la résolution de son problème, des facteurs comme la personnalité du joueur, son expérience, son intuition, etc'vont peser lourdement dans la balance.
Et voilà le mot est lâché : intuition !
L'intuition du joueur d'échecs, c'est ce flair, cette capacité extraordinaire de pouvoir faire une synthèse sur des bases non exhaustives.
C'est cette caractéristique qui lui permet, avec une telle aisance que son adversaire en reste quoi, d'affronter l'infini et l'abîme.
C'est ce pouvoir, quasi magique, qui lui permet de conduire sa partie sur des bases logiques mais cependant non objectives, qui lui permet de balayer d'un revers de la main toutes les difficultés inhérentes à la position, voire celles produites par son adversaire.
Mais alors, est-ce à dire qu'a capacité échiquéenne égale, ce qui constitue la différence entre deux joueurs est l'intuition ?
Mais alors, comme nous avons vu que la pratique des échecs par correspondance avait comme conséquence de maximaliser à la fois l'infini et l'abîme, est-ce à dire que la différence entre un joueur pendule et nous autres joueurs par correspondance (à capacité échiquéenne égale), c'est l'intuition .
Répondre à ces questions c'est se prononcer sur ce que les mathématiciens et les logiciens appellent condition nécessaire et suffisante.
Résoudre les problèmes posés par la position, nous l'avons vu, nécessite l'utilisation de l'intuition. L'intuition est donc nécessaire, mais est-ce suffisant ?
Il se pourrait bien que la réponse soit définitivement oui à la première question !
A capacité échiquéenne égale, ce qui constitue la différence entre deux joueurs est l'intuition.
Et pour la deuxième question ?
La différence entre un bon joueur pendule et son équivalent correspondance réside-t-elle dans l'intuition ?
Si la différence entre ces deux pratiques du jeu d'échecs réside uniquement dans le fait que la correspondance maximalise à la fois l'infini d'une part et l'abîme d'autre part, alors oui, définitivement la réponse et oui !
Mais est-ce bien le cas ?
D'autres facteurs n'interviennent-ils pas ?
Le jeu d'échecs est une lutte entre deux personnes, sur un terrain de bataille qu'est le jeu d'échecs. Ce ne sont pas les pièces qui de leur propre initiative bougent, combinent et matent.
C'est l'homme qui est aux commandes. Et l'homme joue dans un environnement donné. Il peut être fatigué, malade, soucieux, sensibles aux conditions matérielles qui entourent la partie, voire sensible à l'impact psychologique induit par son adversaire, etc...
La pratique de la correspondance pondère certains de ces facteurs, en atténue certains et en accentue d'autres.
L'homme peut toujours être fatigué, malade, soucieux, mais ces facteurs vont évolués dans le temps.
La correspondance va influer plus fortement sur les conditions matérielles du jeu et sur l'impact psychologique induit par son adversaire.
Normalement les conditions matérielles de jeu vont s'améliorer, par certains côté (nous jouons à la maison, au calme, etc...), mais peuvent cependant se détériorer par d'autres aspects (nous sommes plus sensibles aux interférences de la vie familiale).
De même la correspondance, si elle supprime la présence physique de l'autre, (son regard, ses gestes, ses attitudes, etc..) ne supprime pas totalement son impact émotionnel et psychologique.
Nous ne pouvons, donc pas, comparer de façon précise l'incidence de ces deux pratiques de notre jeu, par rapport à la seule et unique intuition, car d'autres paramètres entrent en jeu.
Certes ces autres facteurs entrent en jeu. Cependant nous pouvons quantifier, même si ce n'est que de façon qualitative l'incidence de ces facteurs.
Il semble bien que la pratique du jeu par correspondance va avoir comme tendance d'améliorer les conditions que nous avons évoquées ci-dessus. Elle amène un plus dans le confort du joueur. Seule la sensibilité aux perturbations induites par le milieu familial pourrait être une spécificité négative.
Que conclure sur ce sujet, et sur notre deuxième question ?
L'intuition, même si elle demeure le facteur prédominant, n'explique pas à elle seule les différences entre le jeu pendule et le jeu par correspondance.
Au terme cette analyse philosophique, reposons-nous la question initiale et lancinante : les échecs sont ils une science, un art ou bien seulement un jeu ?
ü Un jeu : indubitablement les échecs sont un jeu. Mais sa richesse et sa profondeur militent pour que les échecs soient bien plus qu'un simple jeu, bien plus que le Roi des jeux.
ü Un art : l'art fait appel aux émotions, ce qui n'est pas l'objet du jeu d'échecs. Cependant certaines parties vont faire naître en nous des émotions profondes ; et dans ces cas là, les échecs rejoignent par certains côté le domaine de l'art.
ü Une science : l'absence de théorie globale de notre jeu nous oblige à admettre que les échecs ne sont pas une science exacte. Cependant certaines réalisations semblent bien présenter toutes les caractéristiques d'une science : rigueur, logique, etc... Et dans de tels cas le plan élaboré par le joueur semble bien être la solution scientifique aux problèmes que représente la partie d'échecs. Les échecs, par certains côtés, rejoignent, donc le domaine de la science.
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